L’ex ministre du tourisme Mohamed Jegham plaide pour une nouvelle vision du modèle touristique

Mohamed Jegham avait déjà été ministre du Tourisme entre 1988 et 1995. En 1988, 1,6 million d’Européens se rendaient en Tunisie pour leurs vacances ; ils étaient 2,3 millions en 1995 et seulement 1,3 millions en 2015. Mohamed Jegham était l’invité de Radio Med, à l’occasion de la tenue du salon international du tourisme à Sousse.

Le tourisme tunisien continue de payer un lourd tribut aux événements 2015. Dans les secteurs de l’hôtellerie comme de l’aérien, les indicateurs peinent à sortir de la zone rouge. Les professionnels ne baissent pas les bras. Au contraire, ils multiplient les gestes commerciaux pour booster ce créneau porteur la sécurité reste la principale préoccupation des autorités. Invité de Radio Med, l’ex ministre du tourisme Mohamed Jegham a précisé que « le tourisme est un secteur sinistré. L’impact des derniers attentats de Sousse et Bardo et Tunis continue de peser sur la fréquentation touristique. Le terrorisme fait fuir les vacanciers. » Comment s’annonce le booking pour 2016 ?Selon l’ex ministre du tourisme « Les flux touristiques et l’occupation hôtelière seront plus faibles que les mêmes périodes des années précédentes. 2016 n’est bonne.Le début d’une vraie reprise se fera sentir en 2017 voire 2018. Pour le moment, nous devrons compter sur les marchés local, algérien et russe. 2018 enregistrera le retour à la normale de la majorité des marchés émetteurs européens. La saison estivale 2016 sera, comme d’habitude bonne. Juillet, août et septembre connaitront une relative reprise malgré un Ramadan calme. Personnellement, je suis très optimiste. Il suffit de croire au secteur qui fait travailler des milliers des tunisiens »

Revoir la formule all inclusive
Le secteur touristique est malade. La baisse des fréquentations d’origine européenne, l’inadaptation des produits offerts à la clientèle magrébine et la spirale de chute des prix et de la qualité des prestations sont un frein au développement de notre tourisme. Mohamed Jegham plaide pour une nouvelle vision du modèle touristique. « Cette vision entraînera un bond qualitatif dans le paysage touristique à moyen et à long termes, à travers la participation de tous les professionnels. Il importe que les professionnels et les pouvoirs publics aient ensemble une vision du tourisme tunisien qui tienne compte de l’évolution du marché mondial, des besoins des nouveau vacanciers, qu’ils proviennent des marchés traditionnels ou des nouveaux pays » A propos de l’all inclusive, M Jegham a souligné que « c’est un concept très prisé par les touristes et qui inclut dans le forfait voyage la quasi-totalité des prestations à l’intérieur de l’hôtel à savoir : le logement, la restauration, le service de bar, les différentes activités sportives et l’animation. L’objectif recherché à travers cette formule est de permettre au touriste de profiter pleinement de ses vacances sans avoir de soucis d’argent ou de dépassement budgétaire. Cette formule ne motive pas beaucoup le personnel qui est souvent indifférent de la clientèle. A mon avis, il faudrait penser autrement surtout que ce concept ne permet pas aux touristes de consommer suffisamment en dehors de l’hôtel et ne fait pas tourner l’économie locale à savoir les taxistes, les artisans et les restaurateurs ».

Attention au bradage des prix !
Le bradage des prix est bien une pratique diffuse chez bien d’hôteliers qui essaient de vendre à tout prix. Certains subissent la pression des TO. En cette période de crise, on vend le produit à bas prix.Le plus important est de faire venir le client mais à n’importe quel prix. Ce qui est certain, c’est que pour bien vendre, il faut produire au moindre coût. « Vendre une 5 étoile à un prix de 3 étoiles, c’est inadmissible. Cela ne peut que se répercuter sur les prestations hôtelières et c’est le cercle infernal : petit prix, mauvais service, réclamations. Ces prix dégriffés, cassés portent atteinte à la qualité de notre produit et là nos hôteliers doivent faire marche arrière et remettre sur le marché un produit de qualité irréprochable qui trouvera preneur car la qualité se paie et les touristes sont avides de bons produits. Il ne suffit pas de remplir son unité quel que soit le prix. » a souligné M Jegham à Radio Med, qui ajoute « Nos hôteliers ne doivent pas paniquer .Ce bradage aura des effets négatifs sur le niveau de la qualité des prestations, fausse le jeu des mécanismes de la concurrence et porte préjudice à l’image de la destination. Une plus grande solidarité entre les opérateurs sauvegarderait l’intérêt national, en améliorant nos recettes en devises par un meilleur rapport qualité-prix » a-t-il affirmé.

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