CCIH – ASSISES III Quel projet de formation pour les opérateurs culturels?

La démocratisation de l’enseignement au XXe siècle a produit de nouvelles sociétés où les individus ont, pour la plupart, un niveau d’instruction leur permettant l’accès à plusieurs formes d’activités culturelles : lecture, musique, arts plastiques ou graphiques, théâtre, visites de musées ou de monuments, rencontres et débats, etc. La majorité des pays ont opté de ce fait pour la création d’institutions publiques et/ou privées afin de concevoir et mettre en œuvre des projets culturels spécifiques en fonction des espaces et des époques. De nouveaux concepts et de nouvelles filières universitaires naissent et viennent constamment étoffer, organiser ou réorganiser un secteur qui reste somme toute assez récent : action culturelle ou socioculturelle, médiation culturelle, animateurs socioculturels, etc.

La création par de Gaulle d’une structure officielle destinée à canaliser l’action culturelle dans un pays qui regorge de ressources aussi bien naturelles qu’humaines s’explique donc. S’ouvre dès lors l’ère de la culture pour tous tandis que dans la plupart des pays anglo-saxons, les expériences vont plutôt dans le sens de la spécificité et non de la généralisation et la démocratisation. Ce sont en fait deux stratégies radicalement opposées autant dans la forme que dans le fond. La Tunisie du XXIe siècle, en quête d’efficacité et de professionnalisme en matière d’action culturelle, a-t-elle forcément le choix entre ces deux approches ou peut-elle concevoir un autre projet ? Il est certes salutaire de s’informer de ce qui se fait autour de nous, mais comment tirer au mieux profit d’autres expériences tout en tenant compte des spécificités socioculturelles et géopolitiques de notre pays ? Les enjeux sont tels qu’il est absolument vital de trouver des pistes pour des solutions fiables. Un projet culturel, quel qu’il soit, ne peut exister que grâce à ceux qui sont chargés de le mettre en application. De ce fait, le CCIH, après avoir entamé la réflexion sur la nature de ce projet, propose de se pencher sur le type et la qualité de la formation destinée aux opérateurs culturels. La nouvelle optique de l’établissement d’une politique culturelle qui réponde de manière réaliste et rationnelle aux besoins actuels nécessite la création d’une structure de formation hors des sentiers battus et capable de se renouveler.

Peut-on encore parler en cette fin de deuxième décennie du XXIe siècle de culture élitiste ou populaire ? Est-il besoin de s’entêter à établir des distinctions stériles et des rejets absurdes ? Doit-on débattre éternellement de la formule adéquate pouvant définir la culture ? Après la démocratisation de la culture, il a été question de démocratie culturelle. Les concepts se suivent en s’opposant les uns aux autres en quête de modernité et de modernisation. De ce côté-ci de la Méditerranée, d’autres questions se posent et une autre vision s’impose. Il faudrait dépoussiérer un secteur longtemps frileux face à la nouveauté ou au renouvellement et enlisé dans un cercle vicieux qu’il a lui-même créé. Les dirigeants, les cadres et les agents du domaine culturel sont désormais acculés à concevoir un fonctionnement affranchi du carcan de la bureaucratie et capable d’affronter les nouveaux enjeux de la mondialisation et de l’essor technologique fulgurant.

Il est question aujourd’hui non plus d’administration, mais de « management culturel ». N’ayons pas peur des mots. Il ne s’agit pas de débarrasser la culture de son rôle instructif ou éducatif, mais de l’organiser au mieux. Selon le Petit Larousse, management est un « nom masculin (anglais management, de to manage, diriger) » qui signifie « ensemble des techniques de direction, d’organisation et de gestion de l’entreprise ». L’attitude sceptique de certains face à l’émergence de cette approche (qui n’est pas si récente que l’on pourrait le croire) du domaine culturel s’explique par la focalisation sur le mot « entreprise ». Les organismes culturels n’étant pas des entreprises au sens commercial du terme, il devient naturel de vouloir les gérer comme des administrations d’Etat. Mais le Monde bouge constamment. Depuis les années soixante, plusieurs expériences en Europe, notamment en Belgique, sont venues démontrer l’utilité d’un fonctionnement plus pragmatique, appuyé par des formations spécifiques pour développer les capacités de gestion et optimiser l’exploitation des ressources aussi bien humaines que matérielles.
Lorsqu’on ambitionne de devenir une pépinière de talents, il devient nécessaire d’envisager un fonctionnement professionnel. Par conséquent, le recours aux techniques du management culturel s’impose comme une évidence. Si l’on relit ce qui a été dit à propos de la culture, le mot qui revient le plus souvent, c’est le verbe « agir ». L’action culturelle est depuis au moins trois décennies, le dénominateur commun des multiples déclarations de l’ONU ou de sa branche plus spécialisée, l’UNESCO, en passant par Malraux, Senghor, Edgar Morin ou encore Mongi Chamli. Sans actions concrètes, le discours sur la culture risque de se perdre encore longtemps dans les limbes de la théorisation gratuite et de rester lettre morte comme c’est malheureusement le cas dans la plupart des pays du Tiers-monde.

Ces 3e Assises de la culture proposent d’organiser le débat autour des axes suivants :

  • Est-il nécessaire d’organiser les « États généraux » de la culture, des métiers de la culture et de la formation académique et professionnelle des opérateurs de la culture en Tunisie ?
  • Importance des enjeux que représente la qualité de la formation dans le secteur de la culture.
  • Comment définir ou concevoir des formations types pouvant répondre aux besoins locaux, régionaux et nationaux ?
  • Vu que le CCIH est habilité selon son statut à concevoir des programmes de formation complémentaires dans le domaine culturel, quelles mesures doit-on prendre pour activer cette fonction qui reste jusque là une décision simplement formelle ?
    La journée d’étude est organisée à Dar Sebastian le 29 janvier 2017 à partir de 10h.
Horaire Activité

Intervenants

10H00 Accueil Mot d’accueil Directeur du CCIH – MMCA
Mr Moez Mrabet
10h15 Interventions Mme Sana Tamzini
(Universitaire)
10h30 Interventions Mr Mohmoud El Majri
(Directeur général de l’action culturelle au ministère de la culture )
10h45 Interventions Mr Fathi Babai
(Directeur de la formation au ministère de la culture)
11h00 Pause café
11h30 Interventions Mr Hbib Belhedi (Directeur la salle Le Rio)
12h45 Interventions Mr Ramzi Laamouri (FTCC)
13h00 Interventions Mr Mohamed Ben Said (Directeur de Akacia Prod)
13h30 Déjeuner
14h30 Ateliers de réflexion Quel Formation pour les opérateurs culturels du service public ?
Quel Formation pour les opérateurs culturels privés ?
   15h30 Restitutions