Certaines publications sur le mur de Néapolis Agora ou sur ceux de nos amis juifs, suscitent actuellement, une véritable effervescence sur la toile et remettent au premier plan l’héritage israélite nabeulien: souvenirs, nostalgie, moments forts, anecdotes, personnages, documents…

rached-khayatiLe vécu et le quotidien des juifs et musulmans nabeuliens sur fond de cohabitation pacifique et amicale et surtout, de respect mutuel ont toujours, été marqués par la solidarité et la convivialité entre les deux communautés. Qui était majoritaire et qui ne l’était pas n’a jamais été la question. La majorité avait et a encore l’obligation et le devoir surtout, de protéger la minorité. Une minorité citoyenne à part entière… au même titre que la majorité. Cependant, ce n’était pas toujours blanc comme neige: on n’a pas manqué de noter, hélas, certains cas de débordements ou préjugés – rarissimes et isolés, Dieu merci – dus, essentiellement, à l’inculture ou, encore plus grave, à la culture de la haine dont nous n’arrivons pas à nous en défaire totalement, et pour être honnête et réaliste, ce n’est certainement pas demain la veille. La méconnaissance de l’autre culture est aussi pour quelque chose dans cette « entorse » intracommunautaire: on a jamais été au stade de la fracture, fort heureusement . Et à ce niveau, je pense qu’on peut faire quelque chose: connaissons nous pour une meilleure compréhension et surtout pour plus d’amitié, d’amour et de paix!
Je ne me trouve pas par hasard devant ces deux bibliothèques religieuses de cultures différentes, mais combien proches. L’ironie de l’Histoire a voulu qu’elles soient géographiquement, situées à quelques encablures l’une de l’autre. Année pour année, cinq décennies séparent leurs dates de création. Aujourd’hui, elles connaissent toutes les deux le même sort, un sort très triste: elles sont fermées depuis belle lurette et pour une date indéterminée. En plus, quand j’ai posé devant ces deux portes closes en 2009, c’était un jour de « tessou3a », la veille de la « 3achoura », une fête commune aux juifs et aux musulmans.
Que connaissons nous (les musulmans) de la religion et de la culture juives? Rien! Avons-nous cherché à apprendre à parler et à lire et écrire en hébreu? Non! Même les rares jeunes musulmans de l’époque coloniale ou de l’aube de l’indépendance qui ont été placés dans les maternelles hébraïques n’ont rien retenu. Nous avons tout simplement une vague connaissance des rites juifs due essentiellement, à la proximité comme le fait par exemple, pour nous, d’allumer les fourneaux chez nos voisins de l’autre confession, un jour de shabat. C’est très peu pour bien connaître. A vous concitoyens juifs la charge d’informer et à nous citoyens musulmans de chercher à assouvir notre soif de connaître.
En feuilletant le très beau livre édité par la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie, intitulé « Juifs et musulmans en Tunisie – Fraternité et déchirements », paru en 2003 à Somogy – Editions d’Art, sous la direction de Sonia Fellous, je tombe sur une photo prise en 1939. Elle représente le siège du Keren Keymet le-Israel (KKL) à Nabeul. D’après le commentaire, des cours d’hébreu étaient dispensés dans le même bâtiment. C’était quoi, au juste, et où, exactement? J’aimerais bien trouver réponses à mes questions.