Le retour de l’inflation est souvent évoqué pour 2018. Qui en bénéficiera ? Qui sera pénalisé sur les marchés boursiers?

En 2017, les marchés boursiers ont profité pleinement d’une inflation faible accompagnée d’une accélération de la croissance économique. Une des grandes questions débattues actuellement sur les marchés reste un possible regain des pressions inflationnistes, en particulier aux Etats-Unis. Plusieurs effets pourraient agir dans ce sens : une croissance mondiale solide, d’éventuelles hausses de salaire dans certains pays (renvoyant à la fameuse courbe de Phillips), la remontée des prix à la production en Chine, ou encore un prix du pétrole durablement élevé. Les pressions inflationnistes pourraient être a priori d’autant plus prégnantes que la reprise économique est synchronisée entre les différentes zones géographiques, émergentes et développées.

Dans un tel contexte, quels seraient les impacts sur les diverses industries ? Quelles sont les rotations sectorielles potentielles sur les marchés boursiers ?

L’analyse des corrélations sur les cinq dernières années entre les performances sectorielles et deux indicateurs économiques clés – l’inflation et un indicateur avancé (PMI) – donne des indications explicites du comportement des différentes industries en fonction de l’environnement économique. Les valeurs cycliques profitent généralement d’une inflation et d’une croissance économique plus élevées. Typiquement, les matériaux et les biens d’équipement en sont les principaux bénéficiaires. Leurs revenus progressent dans un contexte de croissance forte. Les financières sont également avantagées par une hausse des taux d’intérêt nominaux et, dans un contexte de croissance économique revue à la hausse, par la pentification de la courbe des taux (la rentabilité des établissements financiers s’améliore quand le différentiel entre les taux longs et les taux courts est plus important). A l’inverse, les secteurs défensifs – consommation de base, immobilier, télécoms – qui offrent un dividende parfois élevé et souvent stable, pâtissent de l’environnement reflationniste et seront a priori plutôt favorisés en cas de déflation (prix à la baisse) et/ou récession (contraction de l’activité).

En conclusion, toute pression inflationniste dans un contexte de croissance économique toujours solide pourrait pousser les investisseurs à effectuer une rotation sectorielle en faveur des cycliques et financières. Cette rotation pourrait être rapide compte tenu des différentiels importants de valorisation entre les secteurs actuellement. En effet, certains secteurs – les valeurs de croissance, en particulier – ont été massivement joués et s’échangent aujourd’hui à des niveaux de multiples qu’on peut juger élevés.

Guillaume Duchesne