La Tunisie a besoin d’initiatives urgentes

Nous renouvelons aujourd’hui l’engagement mutuel de l’Union européenne (UE) et de la Tunisie à approfondir notre Partenariat privilégié, reflet de l’exception que représente la transition tunisienne et de l’ambition partagée d’intensifier nos relations dans tous les domaines.

La Politique européenne de voisinage révisée nous permettra de mieux répondre à nos aspirations, en établissant un cadre propice au renforcement du Partenariat Privilégié UE-Tunisie. Ce nouveau cadre permettra de confirmer la volonté et l’ambition partagées des deux parties d’établir une coopération large, globale et approfondie à tous les niveaux.

L’UE a été, depuis la Révolution de 2011, le premier soutien de la transition en Tunisie. Elle réitère sa détermination à appuyer les efforts du gouvernement et de la société civile visant à consolider les acquis démocratiques et l’état de droit notamment par la mise en œuvre de la nouvelle Constitution et à relever les défis économiques, sociaux et sécuritaires. La Tunisie continue avec courage et détermination sa marche sur la voie de la démocratie et des réformes socio-économiques essentielles pour sa réussite.

Le terrorisme, qui a lourdement frappé la Tunisie et l’Europe en 2015 et en 2016, nécessite une réponse holistique plus concertée qui s’attaque aux racines profondes de ce phénomène et soit fidèle à nos valeurs de démocratie et de respect des droits de l’Homme. Loin de nous diviser, cette menace commune nous rassemble. Au cours de l’année 2015, l’UE et la Tunisie ont sensiblement accentué leur dialogue et leur coopération sur ce thème, tant au niveau bilatéral qu’avec leurs partenaires internationaux. Nous nous félicitons du lancement de l’important programme d’appui de l’UE à la Réforme du secteur de la sécurité et sommes déterminés à le mettre en œuvre d’une manière efficace et rapide en soutien d’une stratégie globale tunisienne de lutte contre le terrorisme et la radicalisation.

La situation socio-économique de la Tunisie requiert des initiatives nouvelles et urgentes, de même qu’un appui considérable de ses partenaires. Sur la base des réformes et de projets ambitieux proposés par les autorités tunisiennes, en concertation avec les forces économiques et sociales, l’UE déploiera tous les outils nécessaires, susceptibles de favoriser les réformes socio-économiques destinées à offrir aux Tunisiens, et en particulier à la jeunesse, des opportunités génératrices d’emploi et de progrès social, des investissements et de réduire les disparités régionales.

Nous soulignons à cet égard l’importance de l’intégration progressive de l’économie tunisienne dans le marché intérieur de l’UE pour le développement socio-économique du pays. Les négociations en vue de la conclusion d’un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) s’accompagneront d’une assistance technique et financière de l’UE. Cet accord devra contribuer à un réel renforcement des relations entre la Tunisie et l’UE à l’avantage des deux parties. Pour l’ensemble des Tunisiens, il devrait contribuer à une augmentation des opportunités économiques et la réduction des inégalités, et s’accompagnera de facilités supplémentaires pour la mobilité des Tunisiens dans l’UE.

Les échanges entre nos sociétés et nos peuples restent au centre de nos relations et constituent des instruments primordiaux pour un rapprochement réel. La Tunisie et l’UE s’engagent à travailler plus étroitement dans le domaine de la migration dans le cadre du Partenariat de Mobilité, et à promouvoir une mobilité accrue, en particulier des jeunes, notamment dans le domaine de l’éducation, de la recherche et de l’innovation, dans le cadre de Programmes tels que Erasmus + et Horizon2020.

Convaincues de la contribution considérable de la société civile dans le processus démocratique et la définition d’un modèle politique, économique et social adapté aux aspirations des citoyens, l’UE et la Tunisie vont intensifier leur dialogue tripartite (UE, autorités, société civile), et l’élargir à l’ensemble des grands dossiers des relations bilatérales, qui doivent faire l’objet d’une pleine transparence et d’un véritable débat public en Tunisie et en Europe.

Pour être à la hauteur des enjeux et des défis de la période cruciale que connaît le pays, la communauté internationale doit encore accroître son soutien à la Tunisie, y compris son appui financier. L’UE va redoubler d’efforts pour identifier toutes les opportunités d’assistance supplémentaire, et cherchera des modalités et des initiatives nouvelles pour permettre d’augmenter les montants et l’efficacité de son aide. A cet égard, l’UE et ses Etats membres exploreront la possibilité de mettre en place des modalités spécifiques et exceptionnelles engendrant des effets rapides et visibles, afin d’accroitre et optimiser l’assistance financière à la Tunisie.

La Tunisie, qui a de grandes attentes et sollicite un renforcement substantiel de l’assistance européenne par la mise en place de mécanismes novateurs, prendra pour sa part des mesures pour une meilleure absorption de l’assistance internationale et un renforcement de la coordination des bailleurs internationaux.

Le Conseil d’Association a été l’occasion d’échanger à haut niveau politique sur les questions régionales d’intérêt commun notamment la situation en Libye. A cet égard, l’UE et la Tunisie saluent les développements positifs des dernières semaines en Libye et renouvellent leur engagement à soutenir le gouvernement d’union nationale, afin qu’il soit capable d’affronter les défis du terrorisme et de garantir les services de base à sa population.

Nous sommes convenus de nous revoir aussi souvent que nécessaire pour faire progresser les dossiers prioritaires.