Les small-caps sont des entreprises à faible capitalisation boursière. Pour les investisseurs, ces valeurs sont plus risquées que les sociétés à forte capitalisation mais elles sont aussi plus accessibles et peuvent générer des performances plus élevées.

Que dire de l’univers small et mid-cap européennes et plus particulièrement de l’univers des small-caps ? Quelle définition leur donner ?
Il s’agit de « petites » valeurs de par leur taille, c’est-à-dire de par leurs capitalisations boursières. On pourrait dire que leurs capitalisations boursières s’étendent d’environ 500M€ à quelques milliards d’euros. Mais on ne peut dire qu’elles sont strictement contenues dans une fourchette de capitalisations boursières fixes dans l’absolu. Leur valeur va en effet dépendre des fluctuations du marché et va évoluer au gré des nouvelles introductions en bourse, des titres qui se font racheter dans le marché et de ceux qui progressant, changent de statut et deviennent des valeurs moyennes, voire des grandes capitalisations (ou Large Cap). Il existe en outre des « indices de référence » qui ont au moins le mérite d’essayer de les regrouper de manière cohérente.

Ces valeurs sont également très nombreuses (l’indice MSCI Europe Small Cap en compte par exemple près de 1000). Elles sont peu liquides et peu couvertes par les analystes de la place. Autant d’éléments qui illustrent les difficultés que nous devons surmonter pour appréhender cet univers et son potentiel. Si bien que pour nous, il est très important d’être extrêmement bien organisés et vigilants notamment sur le risque de liquidité. Mais si l’on s’intéresse tout de même à cet univers – comme le font de plus en plus d’investisseurs – c’est qu’il constitue un réservoir de valeurs attractives pour leurs profils de croissance.

Les valeurs petites et moyennes continuent de battre les indices de référence en Europe. Comment l’expliquez-vous ?

En effet ! Si l’on s’en tient par exemple à la seule performance de l’indice MSCI Europe Small Cap (dividendes réinvestis) vis-à-vis du MSCI Europe (également dividendes réinvestis), depuis fin décembre 2000 jusqu’à fin septembre 2018 (c’est-à-dire sur une très longue période), l’indice Small Cap, a progressé de +324 % contre +64 % l’indice Large Cap. Autrement dit, le MSCI Europe Small Cap a généré sur la période, une performance annualisée de près de +8,5 % par an contre +2,8 % pour l’indice Large Cap.

Ça n’est clairement pas l’environnement économique de la région qui est à l’origine de cette surperformance tant celui-ci a été chahuté par diverses crises. Cela tient essentiellement aux profils de croissance des small-caps européennes, à savoir aux spécificités propres de leurs modèles économiques.

Et les principales raisons qui font que l’on trouve davantage de profils de croissance parmi les petites valeurs européennes tiennent, en quelques mots, aux éléments suivants :

  1. Des sociétés de niche souvent actives sur des marchés non saturés qui leur laissent donc de forts potentiels de croissance organique (la « meilleure » croissance !) ;
  2. Des sociétés qui ont tendance à plus investir que les grandes capitalisations (relativement à leur taille) ce qui justifie, à terme, de meilleures perspectives de croissance ;
  3. Des dirigeants dont le patrimoine se limite souvent, et pour l’essentiel, à la part du capital qu’ils détiennent dans ces « petites » sociétés et qui les incite donc à faire croître la valeur de leur participation en faisant progresser/croître les fondamentaux et les résultats de leur société.

Même s’il arrive, lors de grandes corrections de marché, que le manque de liquidité des small-caps pèse sur leurs performances, nous considérons que cette classe d’actifs n’en demeure pas moins une classe d’actifs de fond de portefeuille qui, sur le long terme, a de sérieuses raisons de délivrer de bonnes performances.  

Quels sont les atouts des small-caps pour les investisseurs ?

Comme je viens de l’évoquer, leurs atouts tiennent essentiellement à l’attractivité de leurs profils de croissance. La croissance est en effet une qualité rare dans les économies développées, surtout en Europe. Ainsi, au prix d’une volatilité un peu supérieure à celle des grandes capitalisations, les small-caps peuvent offrir aux investisseurs des surperformances significatives face aux Large Caps, sur le long terme. Et c’est ce qui les rend intéressantes, sinon incontournables, auprès des investisseurs voire des grandes capitalisations elles-mêmes. Ces dernières ne vont pas hésiter à en acquérir (via des OPA) pour redynamiser leur propre croissance.

La France a mis en place des incitations fiscales pour pousser les épargnants à soutenir les petites entreprises innovantes. Trouve-t-on des dispositifs similaires ailleurs ?

Les petites entreprises sont des employeurs importants dans les économies nationales où elles sont implantées. Qui plus est, elles paient des impôts sur les sociétés, sans vraiment avoir les moyens pour échapper à cette fiscalité domestique (à la différence des grandes capitalisations, voire les GAFAS). Il est donc légitime que les gouvernements les aident, en quelque sorte, à se financer sur les marchés. En effet, leur accès aux financements est moins facile que pour les grandes sociétés

Les small-caps font régulièrement l’objet de fusions-acquisitions. Quel rôle ces opérations jouent-elles dans la croissance du marché des small-caps ?

Les fusions-acquisitions jouent davantage un rôle de « correcteur de sous-valorisation ». Elles ne sont pas réellement des facteurs de croissance pour le marché des small-caps. Elles mettent des « coups de projecteurs » sur les small-caps. Elles contribuent donc aussi à « éduquer » les investisseurs sur l’intérêt et les spécificités de ces valeurs. D’un côté, nous sommes heureux de voir certains titres que l’on détient en portefeuille être l’objet d’OPA. En un instant, leur cours réalise les performances boursières qu’il leur aurait fallu vraisemblablement deux ou trois ans pour atteindre autrement. D’un autre côté, ces mêmes OPA viennent retirer de la cote (et de nos portefeuilles) des titres qu’il nous faudra remplacer… Cela nous prendra du temps et des efforts de recherche supplémentaires.