Le géant américain des semi-conducteurs, Intel, traverse une phase décisive de son histoire. Après des mois de turbulences, son action a rebondi fortement en Bourse : +7,4 % le jeudi 14 août à Wall Street, prolongé par une hausse de +2,6 % après la clôture. En Europe, le titre gagnait encore +3,6 % le lendemain à Francfort. Cet engouement s’explique par des informations de Bloomberg, selon lesquelles la Maison Blanche serait en discussion avec le groupe pour une éventuelle entrée de l’État américain à son capital.
Soutien à l’usine géante d’Ohio
L’éventuelle prise de participation aurait pour objectif de soutenir le projet d’usine géante en Ohio, initialement présenté comme le plus grand site mondial de production de semi-conducteurs. Toutefois, ce projet stratégique a connu plusieurs reports, retardant la mise en œuvre d’une infrastructure cruciale pour la souveraineté technologique américaine. Pour l’heure, aucun montant ni calendrier n’a été fixé.
Intel a refusé de commenter ces révélations, se contentant de rappeler qu’il restait « engagé à soutenir les efforts du président Trump pour renforcer la puissance technologique et industrielle des États-Unis ». De son côté, la Maison Blanche, par la voix de son porte-parole Kush Desai, a tempéré en affirmant que « toute discussion sur des accords hypothétiques doit être considérée comme de la spéculation, sauf annonce officielle ».
Restructuration et pressions politiques
Cette rumeur intervient alors qu’Intel fait face à des défis majeurs. L’entreprise, en perte de vitesse sur le marché de l’intelligence artificielle, mène une restructuration profonde avec la suppression de 15 % de ses effectifs et l’abandon de plusieurs projets d’usines en Europe. Son PDG, Lip-Bu Tan, est également au cœur des critiques pour ses anciens investissements en Chine, une situation qui a conduit Donald Trump à lui demander sa démission début août, avant de finalement le recevoir à la Maison Blanche pour un entretien « très intéressant ». C’est à cette occasion que l’idée d’une participation gouvernementale aurait émergé, précise Bloomberg.
Une stratégie industrielle volontariste de Washington
Si elle se concrétise, cette intervention marquerait un tournant majeur pour Intel et s’inscrirait pleinement dans la stratégie industrielle de Donald Trump. L’administration américaine a déjà multiplié les actions directes dans des secteurs jugés stratégiques :
- prise de participation dans MP Materials, producteur de terres rares,
- droit de regard imposé sur la vente d’US Steel,
- et taxation de 15 % du chiffre d’affaires réalisé en Chine par Nvidia et AMD dans le secteur des semi-conducteurs.
Cette politique protectionniste et volontariste vise à renforcer l’indépendance technologique des États-Unis face à la Chine et à sécuriser des industries vitales pour l’avenir. Intel pourrait ainsi devenir le nouveau symbole de cette stratégie, avec en ligne de mire la maîtrise de la chaîne mondiale des semi-conducteurs.
