Lors d’un discours prononcé à Luxembourg, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et membre du Conseil de la Banque centrale européenne (BCE), a plaidé pour une action rapide et coordonnée afin de renforcer le rôle international de l’euro. Pour lui, l’Union européenne doit faire de sa monnaie un instrument de souveraineté et de stabilité, capable de rivaliser avec le dollar américain et de protéger ses partenaires commerciaux.
Un dollar fragilisé, un euro encore en retrait
La politique économique menée par l’administration Trump a affaibli la confiance des investisseurs dans le dollar depuis le début de l’année. Pourtant, l’euro n’a pas su s’imposer comme alternative crédible, en raison de la lenteur des décisions européennes et de divisions internes.
Fixer une échéance : 2028 comme cap stratégique
Pour accélérer la dynamique, Villeroy de Galhau propose que l’Europe se dote d’une échéance claire, par exemple le 1er janvier 2028, afin de concrétiser les réformes nécessaires. Sans cet engagement, prévient-il, l’Union risque de voir « la fenêtre d’opportunité se refermer ».
Nouer des partenariats avec les pays pénalisés par Washington
Le renforcement du rôle de l’euro passera, selon lui, par une plus grande utilisation de la monnaie unique dans le commerce international. Il a notamment cité des partenaires clés – Inde, Suisse, Indonésie – fortement touchés par les mesures protectionnistes américaines. Ces pays pourraient constituer des alliés privilégiés dans la stratégie européenne de diversification commerciale.
Innovations monétaires et souveraineté financière
Le gouverneur a souligné l’importance d’élargir l’accès aux lignes de liquidité en euros pour les banques centrales hors zone euro. Il a également plaidé pour le développement d’un euro numérique, qui pourrait consolider l’attractivité de la monnaie unique sur la scène mondiale.
Autre piste majeure : l’extension du système de paiement Target, actuellement réservé à l’UE, à des devises de pays partenaires tels que le Royaume-Uni, le Canada, le Brésil, l’Inde ou la Suisse. Une telle ouverture renforcerait la compétitivité et l’intégration financière européenne.
Vers un euro plus sûr et plus compétitif
Pour rivaliser pleinement avec le dollar, l’euro doit être perçu comme un actif liquide et sécurisé. Villeroy propose de fusionner les dettes supranationales existantes et de transformer les dettes souveraines nationales en véritables instruments de dette européenne. Cette initiative, si elle se concrétise, renforcerait la confiance des investisseurs et accroîtrait la stabilité financière de la zone euro.
Une intégration financière au service des entreprises
Enfin, Villeroy a plaidé pour la création d’un cadre de supervision unique pour les fonds d’investissement, ainsi qu’un régime juridique paneuropéen destiné à remplacer les régimes nationaux, jugés fragmentés et contraignants. Une telle réforme offrirait aux entreprises européennes – et à leurs partenaires – un environnement plus compétitif et propice aux investissements.
