Une reconnaissance des progrès économiques
L’agence américaine Fitch Ratings a annoncé une révision à la hausse de la notation souveraine de la Tunisie. La note de défaut émetteur (IDR) à long terme, en devises et en monnaie locale, passe ainsi de « CCC+ » à « B- », avec une perspective stable. Cette décision reflète l’amélioration de la position extérieure du pays et constitue un signal positif pour les investisseurs et les partenaires internationaux.
Amélioration des équilibres extérieurs
La révision de la note est principalement liée à la réduction des déséquilibres courants. Le déficit courant, évalué à 1,5 % du PIB en 2024, devrait atteindre 2,2 % en 2025 et 2,8 % en 2027, tout en restant largement inférieur à la moyenne de 7,9 % du PIB enregistrée entre 2010 et 2022.
Cette tendance favorable s’explique par la hausse des recettes des services, qui sont passées de 10 % du PIB en 2018 à 14 % en 2023-2024, ainsi que par la progression des transferts des Tunisiens résidant à l’étranger, représentant désormais 6 % du PIB, contre 4 % en 2018.
Résilience des investissements étrangers et soutien multilatéral
Les investissements directs étrangers (IDE) se sont montrés résistants face aux incertitudes, atteignant 1,4 % du PIB en 2024 (contre une moyenne de 2,1 % entre 2010 et 2019). Fitch anticipe un rebond en 2025, avec une hausse de 54 % des IDE en dollars US au premier semestre par rapport à 2024.
L’agence prévoit par ailleurs la poursuite des décaissements des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux jusqu’en 2027. Les flux nets de financement extérieur négatifs devraient passer de 3,7 % du PIB en 2024 à seulement 1 % en 2027, signe d’un assainissement progressif.
Des besoins budgétaires toujours élevés
Malgré ces signaux positifs, Fitch souligne la forte pression sur les finances publiques. Les besoins budgétaires, hors refinancement de la dette à court terme, restent élevés mais devraient progressivement baisser : 18 % du PIB en 2024, 16 % en 2025, 15 % en 2026 et 13,5 % en 2027.
La Banque centrale de Tunisie (BCT) a contribué à cet équilibre en octroyant des crédits à taux zéro à l’État, représentant 4,4 % du PIB en 2024 et 4,1 % en 2025, avec des conditions de remboursement favorables (10 ans, dont trois ans de grâce). Fitch note également le rôle croissant du secteur bancaire national dans le financement de l’État.
Endettement et perspectives
La dette publique demeure élevée mais devrait légèrement reculer, passant de 84,5 % du PIB en 2024 à 83 % en 2025, principalement grâce à l’évolution favorable du taux de change du dinar face au dollar.
Cependant, Fitch avertit que la vulnérabilité budgétaire persiste, notamment en raison de l’absence de réforme structurelle des subventions et de la dépendance aux prix internationaux des matières premières. La maîtrise de la masse salariale et la mise en œuvre de réformes structurelles demeurent des conditions essentielles pour consolider cette trajectoire positive.
