Wided Bouchamaoui, présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, à La Presse :« Utica et Ugtt condamnées à travailler ensemble »« Utica et Ugtt condamnées à travailler ensemble »

La présidente de la centrale patronale fustige les rumeurs faisant part de malentendus entre les quatre lauréats du prix Nobel de la paix. Elle croit dur comme fer en le dialogue. Wided Bouchamaoui, présidente de l’Utica, ne mâche pas ses mots lorsqu’elle évoque le blocage des négociations salariales dans le secteur privé : « Nous sommes tous condamnés, Utica et Ugtt, à travailler ensemble et à favoriser l’esprit de dialogue loin de toute forme de surenchère ». Evoquant la cérémonie du 10 décembre prochain à Oslo, durant laquelle elle recevra à côté des autres membres du Quartette le prix Nobel, elle fustige les rumeurs faisant part de malentendus entre les quatre lauréats. De retour de Stockholm où elle a accompagné le président de la République dans sa visite d’Etat en Suède du 4 au 6 du mois en cours, elle ne cache pas sa satisfaction quant à la réussite de ce déplacement sur le plan politique et économique. Ecoutons-la.

Accusant l’Utica d’être derrière le blocage des négociations salariales dans le secteur privé, certains responsables de l’Ugtt menacent d’annoncer une grève générale. Qu’en dites-vous ?
Personnellement, je suis convaincue que seul le dialogue responsable est à même de nous mener à bon port. Nous sommes toujours prêts à favoriser le dialogue loin de toute forme d’escalade. Car le dialogue est la seule voie de salut pour toutes les parties et surtout pour l’intérêt du pays. Ni la centrale patronale, ni le pays dans son ensemble n’ont besoin d’escalade. Bien au contraire, nous devons travailler ensemble pour consolider la paix sociale et essayer de trouver un climat social sain qui encourage la création de richesses et d’emplois. C‘est dans ce sens d’ailleurs qu’il est urgent de trouver un compromis qui garantisse l’intérêt de tout le monde. Je suis consciente de la nécessité de préserver les intérêts des travailleurs pour qu’ils puissent travailler dans de bonnes conditions mais je suis également persuadée qu’il faut prendre en considération l’avis des entreprises. Ces dernières, de l’avis de tout le monde, connaissent des difficultés énormes et ne peuvent pas concéder davantage de sacrifices. Ainsi, les augmentations salariales exigées par les syndicalistes doivent être raisonnables et prendre en considération la faiblesse de la productivité de nos entreprises.
Mais ces entreprises doivent, elles aussi, donner l’exemple en matière d’encouragement des actions sociales et de bénévolat. Ainsi, la création de la fondation Utica qui verra le jour à la mi-janvier prochain s’inscrit dans cet ordre d’idées. Nous avons déjà préparé son plan d’action et son statut pour un vrai démarrage susceptible d’encourager tout ce qui touche au bénévolat et aux activités humanitaires.

Toujours concernant vos relations avec l’Ugtt mais aussi avec les autres lauréats du prix Nobel de la paix, on entend parler de certaines divergences, c’est dû à quoi ?
Je le répète encore une fois, il n’y a pas de divergences entre les quatre organisations en ce qui concerne la réception du prix Nobel, le 10 décembre prochain à Oslo. Il y a lieu de préciser que la semaine dernière, le directeur exécutif du comité norvégien du prix Nobel de la paix s’est déplacé à Tunis pour se réunir avec les représentants du Quartette. L’objectif de cette visite est d’étudier tous les détails techniques de la cérémonie ayant trait aux questions suivantes : qui prononcera le discours de la Tunisie, qui recevra le prix et la médaille, le nombre d’invitations…

Vous venez de visiter le Musée Nobel à Stockholm, juste un mois avant la remise du prix. Quelle est la portée de cette visite ?
Effectivement, j’ai eu la chance de visiter le Musée Nobel à Stockholm, un mois avant la cérémonie officielle de la remise du prix qui sera organisée à Oslo le 10 décembre prochain. Toutefois, il faut préciser que j’ai été invitée par le président de la République pour l’accompagner dans sa visite d’Etat en Suède. Ainsi j’ai eu l’occasion de me rendre à ce temple accompagnée du chef de l’Etat et de Sa najesté le Roi de Suède, chose qui m’a vraiment émue. En tout cas, à l’instar de tous les membres du Quartette et l’ensemble du peuple tunisien,je me sens très fière d’inscrire mon nom sur le prestigieux registre des lauréats du Nobel de la paix.

Restons à Stockholm où vous avez présidé avec votre homologue suédois et en présence du chef de l’Etat et du Roi de Suède, le forum d’affaires tuniso-suédois. Quelle est votre évaluation des résultats de ce forum ?
Concrètement, il n’y a pas de résultats tangibles. C’était une grande opportunité de nouer des contacts d’affaires et des partenariats avec les sociétés suédoises, notamment dans les domaines des Tic et d’autres secteurs ciblés. Je me suis déplacée à Stockholm à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires qui vont certainement poursuivre cette action. Nous sommes également venus promouvoir l’image de marque de la Tunisie comme étant un site propice à l’investissement. Nous avons eu des échos très positifs de la part non seulement des hommes d’affaires suédois mais aussi de la part des autorités politiques de ce pays qui ont affiché leur volonté d’investir en Tunisie et de soutenir le pays dans sa transition démocratique. D’une manière générale, je trouve que la visite d’Etat effectuée dernièrement en Suède est une réussite sur le plan politique et économique.

Saïd Ben Kraim