Un bilan carbone en hausse, sous surveillance des marchés ESG
En 2024, ESET affiche une empreinte carbone globale de 8 649,5 tonnes de CO₂e (méthode market-based), contre 7 835,1 tonnes en 2023, soit une progression de 10 %. Rapportée aux 2 405 collaborateurs, l’intensité carbone atteint 3,6 t de CO₂e par employé (+6 %).
Pour un groupe technologique fortement exposé aux critères ESG, cette évolution souligne un décalage temporaire entre croissance opérationnelle, reprise des activités internationales et trajectoire low carbon à long terme.
Structure des émissions : le scope 3, principal levier de décarbonation
La structure des émissions d’ESET confirme une réalité commune aux entreprises numériques :
- Scope 3 (chaîne de valeur) : 6 898,5 t CO₂e, soit 80 % du total
- Scope 2 (énergie achetée) : 942,5 t CO₂e (11 %)
- Scope 1 (émissions directes) : 808,5 t CO₂e (9 %)
Cette répartition positionne clairement le scope 3 comme le principal enjeu financier et extra-financier, notamment dans un contexte de renforcement des normes européennes (CSRD, taxonomie verte, reporting climat).
Voyages d’affaires : principal facteur de pression carbone et budgétaire
Les voyages professionnels génèrent 2 235,5 tonnes de CO₂e, soit 32 % du scope 3 et près d’un quart de l’empreinte totale du groupe. En un an, ces émissions progressent de 33 %, et de 118 % par rapport à 2022.
Le transport aérien, responsable de 87 % des émissions liées aux déplacements professionnels, constitue désormais :
- un risque carbone structurel,
- un poste de coûts indirects de plus en plus exposé aux mécanismes de tarification du carbone,
- un facteur clé d’évaluation ESG pour investisseurs et partenaires institutionnels.
Mobilité des salariés : arbitrage entre productivité et sobriété carbone
Les déplacements domicile-travail représentent 2 088,6 t de CO₂e (20 % du scope 3). Bien que la voiture ne représente que 53 % des distances, elle concentre 75 % des émissions.
Le recul du télétravail se traduit par une baisse de 14 % des émissions liées au travail à distance (707,4 t CO₂e), mais accentue mécaniquement la pression carbone des trajets quotidiens. En 2024, les salariés d’ESET ont parcouru 11 millions de kilomètres pour se rendre au travail.
Énergie et immobilier : des investissements alignés avec une stratégie low carbon
Les émissions du scope 2 atteignent 942,5 t CO₂e, en hausse de 22 %, principalement en raison d’une augmentation de 48 % de la consommation électrique liée à une meilleure intégration des données, notamment au siège.
Cependant, la stratégie énergétique du groupe montre des signaux positifs pour les investisseurs ESG :
- 45 % de l’électricité consommée est désormais d’origine renouvelable,
- 5 bureaux et l’ESET Campus fonctionnent à 100 % d’électricité renouvelable,
- la consommation de chauffage recule de 6 % grâce à des mesures d’efficacité énergétique.
Actifs, flotte et efficacité opérationnelle : des gains carbone mesurables
Les émissions directes (scope 1) s’élèvent à 808,5 t CO₂e. La combustion stationnaire (chauffage) représente 50 %, tandis que les véhicules d’entreprise comptent pour 39 %.
La montée en puissance des véhicules électriques et hybrides (désormais 20 % de la flotte) permet une réduction de 17 % des émissions liées aux véhicules en un an. Depuis 2022, le scope 1 affiche une baisse cumulée de 10 %, confirmant une trajectoire d’optimisation des actifs.
IT, cloud et data centers : un avantage compétitif low carbon
Le pilier énergie & matériel IT génère 896,25 t de CO₂e (10 % du total). Les services cloud, intégrés pour la première fois, représentent 3 % de l’empreinte globale.
Les centres de données externes, alimentés à 94,2 % par des énergies renouvelables, limitent leurs émissions à 30 t CO₂e, un niveau particulièrement compétitif pour une entreprise technologique à portée mondiale.
Déchets et économie circulaire : un signal fort pour la gouvernance ESG
Les déchets opérationnels ne représentent que 78,5 t CO₂e. Sur le site du futur siège à Bratislava, 99 % des 42 106 tonnes de déchets ont été réutilisées ou recyclées, illustrant une maîtrise avancée de l’économie circulaire, souvent valorisée dans les notations ESG.
Lecture financière et perspective investisseurs
Le rapport carbone 2024 positionne ESET face à un double défi :
- réduire l’intensité carbone du scope 3, notamment les voyages d’affaires,
- maintenir la compétitivité opérationnelle dans un contexte de réglementation climatique accrue.
À moyen terme, la Global Environmental Strategy 2023-2030 apparaît comme un outil de gestion du risque carbone, mais aussi comme un levier de création de valeur durable, en ligne avec les attentes des investisseurs, des clients institutionnels et des marchés européens.
