Trump durcit le ton face à Pékin
Donald Trump a déclaré vendredi qu’il ne voyait « aucune raison » de poursuivre sa rencontre prévue avec Xi Jinping lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Gyeongju, en Corée du Sud. L’ancien président américain a menacé d’une hausse massive des droits de douane sur les produits chinois, accusant Pékin de manipuler les flux commerciaux stratégiques.
Cette décision marque une nouvelle escalade dans la rivalité économique sino-américaine, à un moment où la coopération bilatérale semble au point mort. Sur Truth Social, Trump a qualifié les récentes restrictions chinoises sur les terres rares de « sinistres et hostiles », dénonçant une « tactique de domination économique ».
Pékin verrouille ses exportations de terres rares
Le gouvernement chinois a annoncé de nouvelles restrictions sur douze éléments de terres rares, élargissant le contrôle exercé sur ce marché stratégique. Désormais, toute entreprise étrangère souhaitant exporter des produits contenant au moins 0,1 % de terres rares d’origine chinoise devra obtenir une licence.
Les nouvelles règles incluent des matériaux essentiels tels que l’holmium, le thulium, l’europium et l’ytterbium. Un porte-parole du ministère chinois du Commerce a souligné que ces matériaux « possèdent des capacités à double usage, civil et militaire ». Les restrictions s’appliquent également aux semi-conducteurs et aimants produits à l’étranger intégrant des composants chinois.
Cette décision confirme la volonté de Pékin de consolider sa position dominante, la Chine représentant près de 90 % du traitement mondial et 60 % de l’extraction des terres rares, des métaux indispensables à la fabrication des technologies de défense et des composants électroniques de pointe.
Une manœuvre stratégique avant les négociations
Les analystes considèrent cette annonce comme un moyen de pression calculé avant le sommet prévu entre Trump et Xi. « Pékin a reconnu son influence et se montre prêt à l’exercer », estime Wendy Cutler, vice-présidente de l’Asia Policy Institute.
Dan Wang, du groupe Eurasia, parle d’une « stratégie destinée à renforcer la position de négociation chinoise », alors que Washington cherche à réduire sa dépendance industrielle vis-à-vis de la Chine. Les nouvelles règles chinoises s’inspirent des restrictions américaines sur les exportations technologiques, marquant un tournant dans la guerre économique bilatérale.
Vers une escalade tarifaire majeure
Les tensions montent à l’approche du 10 novembre, date d’expiration de la trêve tarifaire conclue en août dernier. Actuellement, les droits de douane américains atteignent 30 % sur les produits chinois, tandis que les tarifs de rétorsion chinois sont fixés à 10 %.
Sans accord de prolongation, les tarifs américains pourraient grimper à 145 %, et les droits chinois à 125 %, accentuant le risque d’une guerre commerciale ouverte.
En parallèle, la Chine a lancé des mesures de rétorsion supplémentaires : introduction de nouveaux frais portuaires pour les navires américains dès le 14 octobre, et suspension des importations de soja. Ces frais devraient croître jusqu’en 2028 pour atteindre 1 120 yuans (157 dollars) par tonne nette.
Impact sur les marchés financiers et les chaînes d’approvisionnement
Les marchés boursiers ont réagi négativement à cette montée des tensions : le Dow Jones, le S&P 500 et le Nasdaq ont tous enregistré des baisses significatives vendredi. Les investisseurs redoutent une déstabilisation des chaînes d’approvisionnement mondiales et une inflation industrielle liée à la raréfaction des matériaux critiques.
Sur Truth Social, Trump a promis des « réponses économiques étendues » si la Chine persistait. L’incertitude pèse sur la reprise mondiale, alors que les secteurs technologiques, automobiles et de défense dépendent fortement des importations de métaux rares et de composants électroniques asiatiques.
Une rivalité qui dépasse le commerce
Au-delà des chiffres, cette confrontation illustre la reconfiguration de l’ordre économique mondial. Les terres rares, véritables « métaux du XXIᵉ siècle », deviennent un instrument de puissance géoéconomique, où la Chine exploite sa suprématie pour influencer les politiques industrielles occidentales.
Les États-Unis, de leur côté, accélèrent leurs projets de relocalisation de la production et de diversification des approvisionnements stratégiques, notamment via l’Australie et le Canada.
Le bras de fer entre Washington et Pékin confirme que la compétition économique mondiale se joue désormais sur le terrain des ressources critiques et de la souveraineté industrielle.
