L’isolement financier de la Russie s’est encore renforcé après l’annonce du Système National des Cartes de Paiement (NSPK). L’autorité a confirmé qu’à partir du 1er janvier 2025, les cartes Visa et Mastercard encore en circulation seraient retirées, en raison de certificats de sécurité expirés intégrés dans leurs puces. Ces certificats, essentiels à la sécurité des transactions, deviendront invalides, rendant les cartes inutilisables.
Selon Dmitry Dubynin, directeur du NSPK, « les raisons sont simples : le plastique devient inutilisable ». Cette mesure met ainsi un terme définitif à la présence des grands réseaux de paiement occidentaux en Russie, après leur départ en mars 2022, à la suite de l’invasion de l’Ukraine.
Une transition encadrée par la Banque centrale
Face aux inquiétudes suscitées, la Banque centrale de Russie a tenu à rassurer les titulaires de cartes. Alla Bakina, responsable du système de paiement, a assuré que « toutes les cartes fonctionnent » et qu’aucune « mesure drastique » ne serait prise à court terme.
Cette phase de transition fera l’objet de discussions entre la Banque centrale et le NSPK afin d’établir un calendrier progressif. Les banques recevront un préavis suffisant pour permettre à leurs clients de migrer vers le système de paiement national Mir sans interruption de service.
Depuis 2022, les transactions domestiques continuent de fonctionner grâce à l’infrastructure du NSPK, mise en place après l’annexion de la Crimée en 2014. En revanche, les paiements internationaux restent bloqués, compliquant les voyages et les achats en ligne pour les citoyens russes.
Le réseau Mir au cœur de la souveraineté financière russe
Le réseau Mir, lancé en 2015, est désormais au centre de la stratégie russe d’indépendance financière. En 2025, il représente 56 % des transactions nationales et 55 % des cartes émises, soit plus de 400 millions de cartes en circulation.
Cette montée en puissance illustre la volonté du Kremlin de se libérer définitivement des dépendances occidentales en matière de paiements électroniques.
De nouvelles alliances avec la Chine et l’Iran
Parallèlement, les banques russes intensifient leur coopération avec la Chine via le réseau UnionPay. Déjà, 11 institutions émettent des cartes UnionPay, tandis que neuf autres prévoient de le faire prochainement.
Cependant, ces solutions présentent un coût non négligeable : certaines cartes imposent des frais atteignant 15 000 roubles, soit environ 250 dollars américains.
La Russie renforce également sa coopération avec des partenaires sous sanctions, comme l’Iran. Les cartes Shetab iraniennes sont désormais compatibles avec les distributeurs automatiques russes depuis novembre 2024, et leur intégration complète au commerce de détail est prévue pour décembre 2025.
Une stratégie de long terme face aux sanctions occidentales
Cette élimination progressive des réseaux Visa et Mastercard s’inscrit dans un projet géoéconomique de long terme, visant à bâtir une infrastructure financière alternative face aux sanctions persistantes de l’Occident.
En consolidant le réseau Mir et en multipliant les partenariats régionaux, Moscou cherche à garantir la résilience du système bancaire russe et à affirmer sa souveraineté monétaire dans un contexte mondial fragmenté.
