L’économie britannique a traversé une période de faiblesse marquée dans les mois ayant précédé la présentation du budget de la ministre des Finances, Rachel Reeves. Selon les données publiées vendredi par l’Office national des statistiques (ONS), le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni s’est contracté de 0,1 % entre août et octobre, alors que les économistes interrogés par Reuters anticipaient une stabilité.
Sur le seul mois d’octobre, l’activité économique a également reculé de 0,1 %, à rebours des prévisions qui tablaient sur une hausse équivalente. Bien que les données mensuelles du PIB soient réputées volatiles et susceptibles d’être révisées, les chiffres publiés indiquent que l’économie britannique n’a enregistré aucune croissance depuis juin.
Ces résultats mettent en lumière le contexte économique délicat dans lequel Rachel Reeves a élaboré son budget, présenté le 26 novembre, et comprenant des hausses d’impôts. Les semaines précédant l’annonce ont été marquées par des spéculations et des fuites répétées, que la ministre a publiquement critiquées, contribuant à un climat d’incertitude pour les investisseurs, les ménages et les entreprises.
Les marchés financiers ont réagi modérément à ces données. La livre sterling a légèrement reculé face au dollar américain, tandis que les obligations d’État britanniques ont vu leurs prix augmenter. Les chiffres ont révélé des baisses inattendues dans le secteur des services, pilier de l’économie britannique, ainsi que dans la construction.
« Les contractions dans les services et la construction indiquent une faiblesse généralisée, reflétant probablement l’incertitude qui prévalait à l’approche du budget », a analysé Fergus Jimenez-England, économiste associé au National Institute of Economic and Social Research.
Baisse des taux de la Banque d’Angleterre de plus en plus probable
Ces données remettent en question les projections de la Banque d’Angleterre (BoE), qui anticipait une croissance d’environ 0,3 % pour l’ensemble du quatrième trimestre. Selon les économistes interrogés par Reuters, une baisse des taux directeurs est désormais attendue le 18 décembre, une décision que les marchés financiers estiment probable à près de 90 %.
La production manufacturière, déjà pénalisée en septembre par une cyberattaque contre Jaguar Land Rover, n’a pas rebondi comme espéré. Par ailleurs, l’ONS souligne que les détaillants ont particulièrement souffert en octobre, contribuant à une baisse de 0,3 % de la production des services, alors que les prévisions tablaient sur une stagnation.
Sur un an, la production économique a progressé de 1,1 % en octobre, un chiffre inférieur à la prévision de 1,4 % des économistes.
En réaction à ces indicateurs, le ministère britannique des Finances a réaffirmé sa détermination à stimuler la croissance et à créer des emplois de qualité, malgré un environnement économique contraint.
Des perspectives 2025 légèrement relevées, malgré des fragilités persistantes
Vendredi, la Confederation of British Industry (CBI) a revu à la hausse ses prévisions de croissance pour l’année prochaine, évoquant une augmentation temporaire des dépenses publiques consécutive au budget. L’organisation anticipe désormais une croissance de 1,3 %, contre 1,0 % dans ses projections de juin.
Cette estimation rapproche la CBI des prévisions du Fonds monétaire international (FMI) et de l’OCDE, tout en soulignant que des déséquilibres structurels profonds persistent au sein de l’économie britannique.
