Une reprise mondiale plus solide qu’anticipé
La Banque mondiale a publié mardi ses derniers rapports économiques régionaux, marquant une révision à la hausse de ses prévisions de croissance pour 2025. Cette évolution traduit une stabilisation progressive de l’économie mondiale, soutenue par la baisse de l’inflation et un assouplissement des conditions monétaires dans plusieurs grandes économies.
Malgré des tensions commerciales persistantes et une géopolitique incertaine, les indicateurs macroéconomiques montrent que la croissance mondiale pourrait être plus résiliente qu’anticipé.
Asie de l’Est : la Chine, moteur d’équilibre mondial
La Chine confirme son rôle central dans la reprise économique mondiale. La Banque mondiale a relevé sa prévision de croissance du PIB à 4,8 % en 2025, contre 4 % précédemment, s’alignant presque sur l’objectif officiel de Pékin (5 %).
Cette amélioration intervient malgré les tensions commerciales entre Washington et Pékin, qui ont vu les droits de douane américains dépasser 100 % avant de retomber à 57,6 %.
La diversification des exportations vers l’Asie du Sud-Est et l’Europe, couplée à des mesures de relance ciblées, a permis à la Chine d’amortir le ralentissement de la demande américaine. Toutefois, la Banque mondiale anticipe un ralentissement en 2026, avec une croissance estimée à 4,2 %, conséquence du retrait progressif des politiques de soutien et d’une dette publique élevée.
Moyen-Orient : une croissance tirée par l’énergie et la diversification
La région du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, de l’Afghanistan et du Pakistan (MENAP) affiche des perspectives positives. La Banque mondiale relève sa projection de croissance à 2,8 % pour 2025, soit 0,2 point de plus qu’en avril.
Les pays du Golfe bénéficient de la fin progressive des réductions volontaires de production pétrolière et d’un essor des secteurs non pétroliers, portés par les investissements dans les technologies et les infrastructures.
- Arabie Saoudite : croissance révisée à 3,2 %, tirée par la hausse de la production pétrolière et une dynamique non pétrolière soutenue.
- Émirats arabes unis : progression attendue de 4,8 %.
- Qatar, Koweït et Oman : des ajustements à la hausse confirment la solidité de leurs économies.
À l’inverse, l’Iran devrait connaître une contraction de 1,7 % en 2025 et de 2,8 % en 2026, conséquence directe du durcissement des sanctions internationales et de la montée des tensions régionales.
Afrique subsaharienne : reprise soutenue par la stabilité monétaire
L’Afrique subsaharienne enregistre une amélioration notable de ses perspectives économiques. La croissance attendue pour 2025 atteint 3,8 %, contre 3,5 % lors de la précédente estimation.
Cette révision s’appuie sur une inflation maîtrisée, tombée sous la barre des 4 %, et sur une stabilisation des devises nationales après plusieurs années de dépréciation face au dollar.
Des pays tels que le Nigeria, l’Éthiopie et la Côte d’Ivoire mènent la reprise régionale grâce à des politiques budgétaires prudentes et à la relance des investissements publics. Toutefois, la Banque mondiale rappelle que la création d’emplois demeure une priorité stratégique face à la croissance rapide de la population jeune.
Inde : la locomotive économique du Sud mondial
L’Inde reste la grande économie à la croissance la plus rapide au monde, avec une prévision révisée à la hausse de 6,5 % pour 2026, contre 6,3 % auparavant.
Cette performance repose sur une demande intérieure soutenue, une production agricole en hausse et des réformes fiscales structurelles. Cependant, la Banque mondiale a ajusté à la baisse la projection pour 2027 (6,3 %) en raison des droits de douane américains de 50 % sur les produits indiens, parmi les plus élevés imposés à un partenaire commercial majeur des États-Unis.
Une croissance mondiale prudente mais résiliente
À l’échelle mondiale, la Banque mondiale maintient une prévision de croissance modérée à 2,3 % en 2025, ce qui resterait le rythme le plus faible depuis 2008, hors périodes de récession.
L’institution souligne que les tensions géopolitiques, les politiques commerciales protectionnistes et l’incertitude budgétaire dans certaines grandes économies continuent de peser sur la dynamique globale.
Toutefois, la résilience de l’Asie, la stabilisation des marchés africains et la diversification du Moyen-Orient laissent entrevoir une reprise plus équilibrée et une transition vers une croissance mondiale durable à moyen terme.
