Les 12 recommandations pour sortir la Tunisie de la crise économique

La Tunisie doit parvenir à un large consensus sur 12 choix relatifs à la justice sociale et l’inclusion, le rôle du secteur privé, le développement régional, la réforme des institutions de l’Etat et les relations de travail, selon les recommandations du forum du futur présentées jeudi, à Tunis.

Ces choix, présentées lors d’une conférence de presse co-tenue par les économistes Mohamed Haddar et Mustapha Kamel Nabli, constituent les grands choix économiques et sociaux à même de permettre au pays d’augmenter la croissance et d’améliorer le développement.
Pour Mohamed Haddar, président de l’Association tunisienne des économistes (ATE), principale organisatrice du forum, ces choix débattus et adoptés lors du forum tenu les 24 et 25 Février, ne constituent pas « des solutions toutes faites » mais de grands choix pouvant servir de base pour les décideurs politiques dans l’élaboration de leurs programmes.

Ces choix ont été adoptés après un diagnostic de la situation et des perspectives de croissance, lesquels prévoient un taux de croissance faible de l’économie tunisienne ne dépassant pas les 3% y compris dans les années à venir, a noté Haddar.
Le forum a initié un processus de dialogue économique que les politiques peuvent adopter, a-t-il indiqué exprimant la disposition du forum et de l’ATE à poursuivre ce processus.
A cet égard, l’Association compte contacter toutes les parties concernées y compris les organisations nationales et la société civile afin de leur expliquer l’impératif de ces choix et du consensus dans ce domaine.

De son coté, Mustapha Kamel Nabli, ancien ministre et gouverneur de la BCT, a précisé qu’il s’agit de choix d’ordre général, dont l’adoption doit être fait d’une manière concomitante et globale (comme package).
Ces choix peuvent servir de plate-forme pour l’élaboration de solutions et de politiques sectorielles dans le cadre de la concurrence politique, a-t-il dit, notant que le consensus autour de cette plate-forme constitue un préalable à la consolidation du processus démocratique.

Les approches comparatives ont montré qu’en l’absence d’une telle plate-forme commune entre les différents acteurs politiques et les partenaires économiques et sociaux, il sera difficile d’apporter une amélioration significative de la situation, selon Nabli.
Il a appelé à élargir et approfondir davantage le dialogue sur ces choix invitant les médias à y prendre part.
Des décideurs économiques et politiques de premier ordre de différents partis politiques (Ennahdha, Nida, Front populaire)et des députés à l’Assemblée des Représentants du peuple (ARP) avaient assisté au Forum outre des responsables des dossiers économiques de l’ancien régime.

Au total, 270 personnalités y avaient assisté notamment durant la première journée alors que les organisateurs s’attendaient à 100 ou 150 personnes selon Haddar.
D’après les notes distribuées lors de forum, le taux de croissance actuel de la Tunisie qui frôle le néant, ne dépassera pas les 3% en moyenne sur les 30 prochaines années, si le rythme d’évolution de la productivité du travail ne sera pas accéléré à plus de 2% par an.
La Tunisie est appelée à développer les moyens de travail pour gagner en croissance et à accelerer l’investissement lequel doit être également, porté de 23% actuellement à 30 ou 35%, ce qui nécessite l’adoption d’un choix sociétal fondamental favorisant l’épargne.
Le pays doit également favoriser une plus grande intégration de la femme au marché de travail de manière à la porter à 40%.

De grands choix économiques et sociaux pour la Tunisie
Ci-après les 12 grands choix économiques et sociaux qui doivent faire l’objet de consensus entre les Tunisiens selon l’Association tunisiennes des économistes:

Justice sociale et inclusion

  1. Priorité aux approches inclusives en matière d’emploi des femmes, des jeunes et dans les régions.
  2. Adopter une nouvelle approche d’éradication de la pauvreté et de l’analphabétisme dans des délais raisonnables, à travers la restructuration et la rationalisation des programmes sociaux (peu efficaces) pour mieux cibler les bénéficiaires.
  3. Considérer le développement des ressources humaines et l’égalité des chances dans l’accès à des services de qualité, en matière de santé, d’éducation et de formation comme la base essentielle dans l’élaboration des politiques dans ces domaines.
  4. Œuvrer, au vu d’un niveau de pression fiscale relativement élevé, à sa redistribution entre les différents groupes de contribuables, conformément aux principes d’équité et de justice fiscale.Cette réforme doit être également, accompagnée par une restructuration de l’administration fiscale pour une meilleure efficacité de ses interventions.

Le rôle du secteur privé

  1. Renforcer le rôle du secteur privé en vue de réaliser des taux de croissance économique élevés, en doublant le taux d’investissement privé dans le PIB à plus de 25%.
  2. Faire évoluer le secteur privé pour qu’il soit plus dynamique et compétitif, en matière de taille des entreprises et leur viabilité, de leur gestion et de leurs relations avec leurs partenaires.

Le développement régional

  1. Promouvoir des pôles urbains intégrés, dotés de services de qualité dans tous les domaines, capables d’attirer les investissements et les compétences nécessaires.
  2. Mettre en œuvre une approche commune entre l’Etat, le secteur privé et les partenaires sociaux en vue de réaliser un développement global inclusif et équitable dans les zones de discrimination positive.

La réforme des institutions de l’Etat

  1. Accorder la priorité à la révision profonde de l’administration publique.
    Ceci implique la réduction, et autant que possible l’élimination du pouvoir discrétionnaire de l’Administration.
  2. Moderniser la fonction publique en introduisant la souplesse nécessaire et en se basant sur la compétence dans la fixation du salaire et l’évolution dans la carrière.
  3. Trouver l’équilibre entre les exigences de la neutralité de l’Administration et l’expression de la légitimité politique.

Les relations de travail

  1. Instaurer un cadre de dialogue et de conciliation entre les partenaires sociaux qui régit les relations de travail.

D’après TAP