Tunis accueille la 4e Conférence arabe sur l’épargne et l’éducation financière
Face aux défis économiques croissants, l’éducation financière s’impose désormais comme un levier stratégique pour construire des sociétés résilientes et équitables. Dans ce contexte, Tunis accueille les 2 et 3 juillet 2025 la 4ᵉ édition de la Conférence arabe sur l’épargne et l’éducation financière, placée cette année sous le thème : « Vers l’instauration d’une culture financière inclusive dans les pays arabes ».
Organisée par l’Observatoire de l’Inclusion Financière (OIF) en partenariat avec la Banque centrale de Tunisie (BCT), la plateforme régionale MENA Money, et l’agence allemande de coopération GIZ, cette rencontre réunit des représentants d’institutions financières, d’ONG, de banques centrales, d’experts régionaux et d’organismes internationaux.
Une culture financière pour tous, un enjeu vital
Dans son discours d’ouverture, le gouverneur de la BCT, Fethi Zouhaier Nouri, a souligné l’urgence de démocratiser la culture financière. « Il ne s’agit plus d’un luxe réservé aux élites, mais d’un droit citoyen fondamental », a-t-il insisté. Pour lui, la littératie financière est une compétence de vie aussi essentielle que la lecture ou l’écriture.
Appuyant son propos sur les expériences internationales, il affirme que la richesse précède l’argent : elle réside dans la capacité à le gérer intelligemment. Sans une maîtrise des outils financiers, les citoyens deviennent vulnérables dans un monde de plus en plus complexe et numérisé.
Former dès le plus jeune âge pour prévenir les risques
Le gouverneur a plaidé pour l’intégration de l’éducation financière dès l’enfance afin d’éradiquer des comportements à risque fréquents dans la région arabe : faible taux d’épargne, recours au crédit informel, méconnaissance des produits bancaires, etc.
Il a également mis l’accent sur l’impact du numérique et de l’intelligence artificielle, désormais au cœur des services financiers, mais qui posent aussi de nouveaux défis d’accessibilité, de sécurité et d’équité. Il appelle à une réforme structurelle ambitieuse incluant :
- la simplification de l’accès aux services bancaires,
- le financement accru des microprojets,
- l’adaptation des produits aux réalités locales,
- et l’intégration de la culture financière dans les programmes éducatifs.
Des données préoccupantes sur la Tunisie
Raja Dahmen, directrice générale de l’OIF, a présenté les résultats préoccupants d’une enquête nationale menée en 2018 : 53 % des Tunisiens ont échoué au test d’évaluation de culture financière, avec une moyenne globale de 3,1/7. Les disparités de genre sont marquées : 2,7/7 pour les femmes contre 3,3/7 pour les hommes.
Ce diagnostic a conduit à l’élaboration de la Stratégie nationale d’inclusion financière 2018–2022, confiée à l’OIF. Depuis, l’Observatoire joue un rôle moteur dans le développement de programmes d’éducation financière destinés à vulgariser les concepts économiques de base et à promouvoir une citoyenneté économique active.
Une responsabilité collective pour la région arabe
Pour Ibrahim Khalil Ibrahim, directeur exécutif de MENA Money, l’éducation financière est aujourd’hui une priorité stratégique pour les pays arabes. Sans elle, aucune politique d’inclusion ni de stabilité sociale ne peut être pérenne.
Il exhorte à doter les citoyens — notamment les jeunes et les femmes — des compétences nécessaires pour comprendre et utiliser efficacement les services financiers, tout en anticipant les risques. Il souligne aussi l’importance de multiplier les canaux de sensibilisation, notamment numériques, pour toucher les populations marginalisées.
Une dynamique régionale en construction
La Conférence n’a pas été qu’un simple forum de débats : elle a permis de partager des expériences concrètes, notamment celles de l’Égypte et de la Jordanie, qui démontrent que malgré des contextes différents, les pays arabes peuvent converger vers une vision commune de l’inclusion financière.
À l’issue de ces deux journées, les participants espèrent formuler des recommandations opérationnelles pour bâtir une feuille de route arabe unifiée, dans laquelle l’éducation financière serait un pilier central du développement humain et économique.
