La Chine se prépare à limiter l’accès aux puces d’intelligence artificielle H200 de Nvidia, malgré l’autorisation d’exportation annoncée par Donald Trump, selon un rapport publié mardi par le Financial Times. Cette décision pourrait reproduire le scénario du H20, dont l’échec commercial en Chine avait coûté 5,5 milliards de dollars au fabricant de semi-conducteurs plus tôt dans l’année.
Un nouveau processus d’approbation pour freiner les H200
D’après le rapport, les autorités chinoises envisagent d’imposer un mécanisme d’autorisation exigeant que les acheteurs prouvent que les alternatives locales ne peuvent répondre à leurs besoins avant toute acquisition de H200.
Cette initiative intervient au lendemain de l’annonce de Donald Trump sur Truth Social : le président américain a affirmé avoir donné son accord à l’exportation des H200 vers des « clients approuvés », en échange de 25 % des revenus générés par ces ventes pour le gouvernement américain.
Un précédent coûteux : le rejet de la puce H20
Ce projet de blocage rappelle directement le précédent de juin et juillet 2025. Après avoir pourtant obtenu l’approbation d’exportation de l’administration Trump, la puce Nvidia H20 s’était retrouvée sur une liste noire officieuse. Pékin avait alors demandé aux géants chinois — Alibaba, Tencent, ByteDance — d’éviter d’en acheter et de se tourner vers des alternatives nationales.
Face à l’absence de demande, Nvidia avait mis fin à la production de la H20 en août, enregistrant une charge exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars.
Nvidia dans l’incertitude face au marché chinois
Lors d’une réunion avec Donald Trump le 3 décembre, le PDG de Nvidia, Jensen Huang, a reconnu l’absence totale de visibilité concernant l’acceptation des H200 par Pékin. Interrogé par les journalistes, il a répondu : « Nous ne savons pas. Nous n’en avons aucune idée. »
La H200, six fois plus puissante que la H20, reste néanmoins en retrait par rapport aux nouvelles puces Blackwell de Nvidia, qui n’ont pas obtenu d’autorisation d’exportation.
La Chine renforce son autonomie technologique
Ces tensions s’inscrivent dans un mouvement plus large : Pékin accélère sa stratégie d’indépendance en matière de semi-conducteurs. Les centres de calcul publics sont désormais tenus de s’approvisionner à plus de 50 % auprès de fabricants nationaux.
Depuis 2014, la Chine a investi plus de 140 milliards de dollars dans les semi-conducteurs, avec l’ambition de tripler la production de puces d’IA d’ici 2026.
Un marché stratégique mais devenu incertain
Jensen Huang continue de considérer la Chine comme une opportunité pesant environ 50 milliards de dollars pour Nvidia. Toutefois, l’entreprise a choisi d’exclure les revenus potentiels provenant des centres de données chinois de ses projections financières en raison de l’incertitude croissante.
AMD et Intel devraient également bénéficier d’accords d’exportation similaires dans le cadre du dispositif mis en place par Donald Trump, mais ils pourraient faire face aux mêmes obstacles réglementaires imposés par Pékin.
