La Banque du Japon maintiendra, lors de sa prochaine réunion de politique monétaire, son engagement à poursuivre la normalisation de sa politique de taux. Selon trois sources proches du dossier, l’institution soulignera néanmoins que le rythme des futures hausses dépendra étroitement de la manière dont l’économie japonaise absorbe le resserrement monétaire déjà engagé.
Cette communication vise à rassurer les marchés sur la volonté de la BoJ d’éviter un durcissement excessif susceptible de freiner la reprise économique encore fragile.
Une hausse de taux largement intégrée par les marchés
Les investisseurs ont presque totalement intégré une augmentation du taux directeur de 0,5% à 0,75% à l’issue de la réunion des 18 et 19 décembre. Cette anticipation fait suite aux récentes déclarations du gouverneur Kazuo Ueda, qui a laissé entendre qu’un nouveau relèvement était probable.
Un tel niveau marquerait un tournant historique, le taux directeur atteignant un seuil inédit depuis près de trente ans, bien qu’il demeure inférieur à ceux observés dans de nombreuses économies développées.
Le débat clé : jusqu’où peut aller le taux « neutre » ?
La question centrale pour les marchés et les économistes est désormais de savoir jusqu’où la BoJ pourra relever ses taux avant d’atteindre un niveau dit « neutre », c’est-à-dire un taux qui ne stimule ni ne freine l’activité économique.
Selon les sources, la banque centrale pourrait réviser en interne son estimation de ce taux neutre. Toutefois, cette projection jugée trop incertaine ne sera pas utilisée comme principal outil de communication sur la trajectoire future des taux.
Une approche pragmatique centrée sur l’économie réelle
Plutôt que de s’appuyer sur des estimations théoriques, la BoJ expliquera que ses décisions futures tiendront compte d’indicateurs concrets : évolution des prêts bancaires, conditions de financement des entreprises, investissements et dynamisme global de l’activité économique.
Cette stratégie vise à ancrer la politique monétaire dans l’observation directe de ses effets, renforçant ainsi la crédibilité et la lisibilité de l’action de la banque centrale.
Des taux réels toujours profondément négatifs
Malgré une inflation japonaise supérieure à l’objectif de 2% de la BoJ depuis plus de trois ans, les coûts d’emprunt réels au Japon restent nettement négatifs. La banque centrale devrait insister sur ce point pour justifier la poursuite graduelle des hausses de taux.
« Les taux d’intérêt réels du Japon sont très bas, ce qui permet à la BoJ de continuer à relever ses taux en plusieurs étapes », a déclaré l’une des sources, une analyse partagée par les deux autres.
