L’indice Nikkei 225 a bondi de 4,6 % lundi 6 octobre pour atteindre 47 852,29 points, un record historique. Ce rallye boursier spectaculaire a été alimenté par la victoire de Sanae Takaichi, députée du Parti libéral-démocrate (PLD), qui devrait devenir la première femme Premier ministre du Japon. Les marchés ont réagi avec enthousiasme à sa ligne économique pro-relance et à sa promesse de soutenir une politique budgétaire expansionniste.
L’indice Topix, plus large, a lui aussi progressé de près de 3 %, franchissant le seuil des 3 200 points, confirmant l’ampleur de la vague d’optimisme qui s’est emparée de la place tokyoïte.
Un rallye boursier nourri par les espoirs de relance économique
Les investisseurs misent sur une poursuite des mesures de relance budgétaire et un maintien des conditions monétaires accommodantes, rappelant la stratégie économique de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe. Ce positionnement a donné naissance à ce que les analystes appellent désormais le « trade Takaichi » : acheter des actions japonaises tout en se désengageant des obligations d’État à long terme, anticipant un renforcement de la dépense publique.
Les secteurs immobilier, technologique et des biens de consommation discrétionnaire ont particulièrement profité de cet élan. Dans l’industrie lourde, Japan Steel Works a bondi de 13 %, Mitsubishi Heavy Industries de 11 % et Kawasaki Industries de 10,47 %.
Selon Crédit Agricole CIB, la future administration Takaichi devrait amorcer « une transformation majeure de la stratégie économique nationale », fondée sur l’investissement public-privé et une stimulation active de la demande intérieure, rompant ainsi avec des approches budgétaires plus prudentes.
Réactions des marchés obligataires et évolution des taux
Les marchés obligataires japonais ont également réagi à ces perspectives de relance. Le rendement des obligations d’État à 30 ans a grimpé de plus de 10 points de base pour atteindre 3,263 %, tandis que le taux à 10 ans est resté stable à 1,659 %. Cette configuration reflète les anticipations d’une politique budgétaire plus audacieuse, même si la Banque du Japon (BOJ) pourrait temporiser avant d’ajuster ses taux.
Le yen en recul face au dollar et à l’euro
Sur le marché des changes, le yen japonais s’est affaibli de 1,5 % pour s’échanger à 149,73 yens pour un dollar, enregistrant sa plus forte baisse en cinq mois. Face à l’euro, la devise nippone a perdu 1,3 % à 175,39 yens, s’approchant d’un plus bas historique depuis la création de la monnaie unique européenne.
Cette chute s’explique par le recul des anticipations d’une hausse des taux de la BOJ. Les marchés estiment désormais que la banque centrale pourrait geler tout resserrement monétaire prévu pour octobre, dans un contexte où la nouvelle dirigeante critique ouvertement toute hausse prématurée des taux.
Une orientation politique et monétaire sous étroite surveillance
Sanae Takaichi, connue pour ses positions ultra-keynésiennes, a souvent qualifié les hausses de taux d’« inutiles » ou de « stupides ». Lors de sa conférence de presse post-élection, elle a insisté sur la nécessité d’une coordination étroite entre le gouvernement et la Banque du Japon, affirmant que l’économie du pays « se trouve sur la corde raide ».
Selon Mari Iwashita, économiste en chef chez Nomura Securities, cette phase de transition « devrait retarder toute action immédiate de la BOJ », rendant peu probable une hausse des taux lors de la réunion d’octobre. Les probabilités de relèvement des taux, qui atteignaient plus de 60 % la semaine dernière, ont chuté de manière spectaculaire après l’annonce des résultats internes du PLD.
Une victoire politique qui redéfinit les perspectives économiques du Japon
La victoire de Takaichi marque un tournant historique pour le Japon, tant sur le plan politique qu’économique. En devenant la première femme à diriger le pays, elle hérite d’une économie fragile mais pleine de potentiel. Les marchés espèrent qu’elle saura conjuguer stimulation de la demande, soutien à l’innovation industrielle et stabilité monétaire, afin de maintenir le Japon sur la trajectoire de croissance enclenchée depuis la pandémie.
