Les prix du pétrole ont progressé lundi après l’annonce de l’OPEP+ de suspendre toute nouvelle augmentation de production au premier trimestre 2026. Il s’agit de la première interruption depuis le début de la réduction progressive des coupes d’approvisionnement en avril dernier.
Le Brent a gagné 47 cents (+0,73 %) à 65,24 $ le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) a avancé de 45 cents (+0,74 %) à 61,43 $ le baril, prolongeant ainsi leur série de quatre séances haussières consécutives.
Les membres du groupe avaient convenu dimanche d’augmenter la production de décembre de 137 000 barils par jour, comme prévu pour octobre et novembre, avant de marquer une pause jusqu’en mars 2026.
Une pause stratégique face au risque de surabondance
L’OPEP+, qui regroupe l’Arabie saoudite, la Russie, les Émirats arabes unis, l’Irak, le Koweït, Oman, le Kazakhstan et l’Algérie, a justifié cette pause par la saison intermédiaire marquée par une baisse traditionnelle de la demande pétrolière.
« Il y a amplement de raisons d’adopter une approche prudente compte tenu de l’incertitude concernant le tableau de l’offre du T1 et la faiblesse anticipée de la demande », explique Helima Croft, analyste chez RBC Capital.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit d’ailleurs un surplus potentiel de 4 millions de barils par jour en 2026, ce qui pousse le groupe à temporiser afin d’éviter un effondrement des prix.
Depuis avril, l’OPEP+ a augmenté ses objectifs de production d’environ 2,9 millions de barils par jour, soit 2,7 % de l’offre mondiale, mais le rythme des hausses s’est fortement ralenti depuis octobre, dans la crainte d’un Brent chutant jusqu’à 35 $ le baril.
Marché tendu entre sanctions, géopolitique et prudence
Cette pause intervient dans un contexte de fortes incertitudes géopolitiques et de nouvelles sanctions américaines visant les géants russes Rosneft et Lukoil. Ces mesures pourraient perturber davantage l’équilibre de l’offre mondiale.
De plus, une attaque de drone ukrainien contre le port russe de Tuapse, important terminal pétrolier de la mer Noire, a rappelé la fragilité des routes d’exportation énergétiques.
Selon Jorge León, analyste chez Rystad Energy, « les sanctions contre les producteurs russes ont introduit une nouvelle couche d’incertitude dans les prévisions d’approvisionnement, et le groupe sait qu’une surproduction maintenant pourrait se retourner contre lui plus tard ».
L’expert estime que cette décision « protège les prix, renforce la cohésion du groupe et laisse du temps pour mesurer l’impact réel des sanctions ».
Une année contrastée pour le marché pétrolier mondial
Les contrats à terme sur le pétrole affichent une baisse d’environ 15 % depuis le début de l’année, les investisseurs restant prudents face à une demande mondiale modérée et à l’augmentation progressive de la production de l’OPEP+.
Malgré cette volatilité, les analystes maintiennent leurs prévisions de prix inchangées, estimant que l’équilibre entre risques géopolitiques et offre excédentaire devrait stabiliser le marché dans les prochains mois.
La prochaine réunion de l’alliance élargie de 22 pays membres de l’OPEP+ est prévue pour le 30 novembre, afin d’ajuster les niveaux de production pour l’année 2026.
