FRANCE : La croissance se modérera à la marge en 2018-2019, mais restera au-dessus de son potentiel


L’activité faiblit en début d’année 2018. L’économie française subit les effets de plusieurs facteurs négatifs temporaires (calendrier des modifications de taxes, grèves dans les transports, hausse du prix du pétrole…) qui devraient disparaître au second semestre. Au-delà des fluctuations de court terme, la croissance du PIB restera supérieure à son potentiel, atteignant près de 2 % en moyenne en 2018 et 2019. Cette prévision repose notamment sur notre anticipation d’une accélération de la consommation privée à partir du S2-18. Nous attendons un repli du prix du pétrole, après ses récents sommets, ce qui soulagerait le pouvoir d’achat des ménages. En outre, les évolutions fiscales seront désormais plus favorables aux consommateurs (baisse des contributions sociales prévue pour octobre), et le marché du travail poursuivra son rétablissement.

Une consommation plus robuste soutiendra également l’investissement des entreprises, d’autant plus que le taux d’utilisation des capacités est déjà élevé dans le secteur industriel. En revanche, les perspectives d’investissement des ménages semblent plus modestes après un fort rebond en 2016-2017 : les dispositifs de soutien public sont progressivement réduits, tandis que la hausse des prix et des taux d’intérêt pèsera sur le pouvoir d’achat immobilier dans les années à venir.

Sur le plan extérieur, le dynamisme de la demande mondiale devrait tirer les exportations. L’impact sur la compétitivité des réformes récentes et en cours (marché du travail, formation professionnelle, assurance chômage…) est susceptible, à moyen terme, d’enrayer le recul des parts de marché françaises à l’exportation. Les risques clés menaçant ce scénario concernent le contexte extérieur, notamment le prix du pétrole et les risques politiques en zone euro. Sur le plan intérieur, le haut niveau d’endettement (tant dans le secteur public que pour les entreprises) a structurellement accru l’exposition de la France à une hausse des taux d’intérêt. En parallèle, il convient de surveiller la pénurie croissante de main-d’oeuvre dans certains secteurs, malgré un chômage élevé, car elle pourrait pénaliser la croissance.