Une première amélioration de notation en 23 ans ?
L’Italie pourrait enregistrer aujourd’hui un tournant majeur : la première hausse de sa note souveraine par Moody’s depuis mai 2002. Les analystes anticipent une action positive de l’agence, un événement rare pour un pays de la zone euro et un signal fort pour le gouvernement dirigé par Giorgia Meloni, qui a fait de la discipline budgétaire un pilier de sa stratégie économique.
Moody’s avait relevé en mai la perspective de l’Italie, passée de stable à positive, tout en maintenant sa note à Baa3, le dernier niveau de la catégorie investissement. Depuis la dégradation d’octobre 2018, cette notation n’a plus bougé.
Une trajectoire budgétaire saluée par les analystes
Selon Moody’s et plusieurs institutions financières, l’amélioration attendue repose principalement sur la réduction du déficit public.
L’Italie a en effet abaissé son objectif de déficit à 3 % du PIB en 2025, soit un an avant le calendrier fixé par l’Union européenne. Cette performance s’appuie sur :
- des recettes fiscales supérieures aux prévisions,
- une réduction des coûts du service de la dette,
- la résorption progressive d’un stimulus budgétaire exceptionnel,
- des financements européens qui allègent la pression sur les comptes publics.
Comme le soulignent les analystes de Citi :
« Les résultats budgétaires de l’Italie continuent de surprendre positivement », portés par une croissance génératrice d’emplois et de recettes.
Une dynamique positive renforcée par les autres agences
Une éventuelle amélioration par Moody’s compléterait une série de relèvements observée tout au long de l’année :
- Fitch : hausse à BBB+ en septembre
- DBRS Morningstar : rehaussement à A (faible) en octobre
- S&P Global : relèvement à BBB+ en avril
UniCredit rappelle toutefois que Moody’s reste l’agence la plus prudente vis-à-vis de l’Italie.
Les marchés obligataires réagissent favorablement
Les investisseurs anticipent déjà un signal positif. Les obligations italiennes se sont nettement appréciées :
- l’écart entre les BTP à 10 ans et les Bunds allemands s’est resserré d’environ 40 points de base depuis septembre,
- pour atteindre environ 75 points de base,
- soit un plus bas depuis près de 15 ans.
BBVA estime à 60 % la probabilité d’une amélioration de la note. La décision de Moody’s de ne pas dégrader la France récemment, se contentant de passer ses perspectives à négatives, est perçue comme un signal constructif pour l’Italie.
Des défis économiques persistants
Malgré ces avancées, les fondamentaux de l’économie italienne restent fragiles.
- Le PIB a stagné au troisième trimestre, après une contraction de 0,1 % au deuxième.
- Le gouvernement prévoit une croissance limitée à 0,5 % en 2025, contre 0,7 % en 2024.
- La dette publique demeure l’une des plus élevées de la zone euro : 135 % du PIB, juste derrière la Grèce.
À ces défis s’ajoutent le vieillissement démographique, les tensions commerciales mondiales et une productivité structurellement faible, autant d’éléments susceptibles de peser sur la viabilité financière à long terme.
