L’Impératif Politique et Financier : Mobiliser 210 Milliards d’Euros pour l’Ukraine
La Commission européenne a intensifié ses efforts pour finaliser un projet législatif visant à mobiliser les avoirs russes gelés au profit de l’Ukraine. Mercredi, la présidente Ursula von der Leyen a confirmé la présentation imminente de cette proposition, qui porte sur 210 milliards d’euros (242 milliards de dollars) de réserves de la banque centrale russe immobilisées. La majeure partie de ces fonds est détenue par le dépositaire de titres Euroclear, basé en Belgique.
Cette initiative est guidée par l’engagement européen à soutenir l’effort de guerre et les besoins budgétaires de Kiev. Comme l’a souligné von der Leyen devant le Parlement européen : « Nous nous sommes engagés à couvrir les besoins financiers de l’Ukraine en 2026 et 2027 ». Elle a également affirmé la position de l’UE : « Je ne vois pas de scénario dans lequel le contribuable européen paierait seul la facture. » Les dirigeants de l’UE sont appelés à trancher cette question décisive lors du sommet prévu le 18 décembre.
L’Urgence Face à la Concurrence Géopolitique : Le Plan Américain comme Catalyseur
L’accélération du calendrier européen est directement liée à la révélation d’un plan de paix en 28 points soutenu par les États-Unis. Ce plan alternatif propose d’investir 100 milliards de dollars issus des fonds russes gelés dans un effort de reconstruction mené par Washington, qui recevrait 50 % des bénéfices.
Plus problématique pour Bruxelles, le plan américain suggérait de canaliser le reste des actifs gelés vers un véhicule d’investissement séparé entre les États-Unis et la Russie pour des projets conjoints. Cette formulation, jugée très favorable à Moscou par les responsables européens, a créé une urgence géopolitique, renforçant la détermination de l’UE à sécuriser ces fonds pour ses propres projets et ceux de l’Ukraine avant qu’ils ne soient détournés.
La Belgique, Point de Blocage et Défis Juridiques Majuscules (E-E-A-T)
Le succès de l’opération repose en grande partie sur la Belgique, qui détient la clé pour débloquer les actifs. Sur les 210 milliards d’euros gelés, une somme colossale de 185 milliards d’euros se trouve chez Euroclear. Le Premier ministre belge, Bart De Wever, a exprimé de sérieuses réserves, exigeant des « garanties en béton armé » pour s’assurer que son pays ne sera pas le seul à faire face à d’éventuelles poursuites judiciaires russes ou à des pertes financières.
Le projet de texte juridique de la Commission vise spécifiquement à répondre aux préoccupations de la Belgique concernant la responsabilité légale. De plus, la proposition doit contrer le risque politique émanant notamment de la Hongrie, dont le Premier ministre entretient des liens étroits avec Moscou. Un refus de la Hongrie de renouveler les sanctions tous les six mois pourrait théoriquement libérer involontairement les fonds vers la Russie, ce qui obligerait l’UE à renforcer la base légale de l’immobilisation des fonds.
La Solution Proposée par l’UE : Un Prêt Garanti par les Réparations de Guerre (AEO)
Afin de concilier la nécessité de financer l’Ukraine et le cadre légal international, la proposition de l’UE prévoit un mécanisme de prêt.
- Mécanisme de Financement : L’Ukraine recevrait les avoirs gelés sous forme de prêt pour couvrir ses besoins de défense et budgétaires.
- Condition de Remboursement : L’Ukraine ne serait tenue de rembourser ce prêt que lorsque la Russie paiera des réparations de guerre.
Ce dispositif est conçu pour apporter un « soulagement » aux gouvernements de l’UE, qui sont les plus grands donateurs de l’Ukraine depuis l’invasion russe de février 2022.
Appels à une Action Immédiate et un Soutien Accru
Le débat au Parlement européen a vu des appels pressants à une action rapide. Le groupe politique Renew Europe a réclamé « l’adoption immédiate d’un prêt de réparation juridiquement solide à l’Ukraine, garanti par des avoirs russes gelés ».
Karin Karlsbro, eurodéputée suédoise et rapporteure du Parlement européen sur l’aide financière à l’Ukraine, a réitéré le principe fondamental que « la Russie doit payer pour la destruction de l’Ukraine ». Elle a également encouragé l’Europe à « renforcer nos propres contributions financières », notamment en garantissant à l’Ukraine un « accès sans droits de douane au marché unique de l’UE » jusqu’à son adhésion complète à l’UE.
