Une stabilisation des commandes après 37 mois de repli
L’activité manufacturière en zone euro donne enfin des signes d’accalmie. Selon les données publiées par S&P Global, l’indice composite définitif des directeurs d’achat (PMI) a atteint 49,5 en juin 2025, dépassant légèrement l’estimation flash de 49,4 et marquant son niveau le plus élevé depuis août 2022. En mai, l’indice s’élevait également à 49,4.
Bien qu’il reste en dessous du seuil de 50, qui sépare croissance et contraction, il s’agit d’un signal encourageant pour un secteur en difficulté depuis près de deux ans et demi. En effet, c’est le 29e mois consécutif que l’indice reste en territoire de contraction, mais la tendance semble s’inverser.
Des signaux positifs malgré une production en léger repli
Selon Cyrus de la Rubia, chef économiste chez Hamburg Commercial Bank, « on observe des signes de stabilisation dans le secteur manufacturier ». Il souligne notamment que la production augmente légèrement pour le quatrième mois d’affilée, et que les prises de commandes ont cessé de baisser, ce qui laisse entrevoir une reprise de la demande.
Toutefois, l’indice de production manufacturière a légèrement reculé, passant de 51,5 en mai à 50,8 en juin, son plus bas niveau en trois mois, bien qu’il reste au-dessus de la barre des 50, ce qui signale une croissance modérée.
Les nouvelles commandes et les exportations redémarrent
L’indicateur le plus marquant de cette enquête est sans doute le sous-indice des nouvelles commandes, qui s’est stabilisé à 50,0, mettant fin à 37 mois consécutifs de baisse. De plus, les commandes à l’exportation ont cessé de diminuer pour la première fois depuis mars 2022 – un indicateur clé pour anticiper une relance de la production dans les mois à venir.
Une amélioration timide de la demande, mais l’emploi reste en berne
Malgré cette éclaircie sur le front des commandes, les industriels restent prudents. Le niveau d’emploi continue de reculer, l’indice correspondant demeurant sous la barre des 50 depuis deux ans. Cela suggère que les entreprises préfèrent encore ajuster leur masse salariale à une reprise jugée incertaine.
En revanche, les délais de livraison légèrement plus longs laissent penser que la demande s’intensifie, au moins temporairement.
Disparités régionales au sein de la zone euro
L’enquête met également en lumière d’importantes disparités géographiques. L’Irlande affiche le PMI le plus élevé de la zone, avec un score de 53,7, son meilleur niveau depuis 37 mois. D’autres pays comme la Grèce, l’Espagne et les Pays-Bas dépassent également la barre des 50, signalant une dynamique positive.
À l’inverse, la France, l’Italie et l’Autriche restent en contraction, ce qui freine la performance globale du bloc. L’Allemagne, poids lourd industriel de la zone euro, affiche un PMI de 49,0, soit encore en retrait, mais à son plus haut niveau depuis près de trois ans.
Des perspectives optimistes pour l’Allemagne et ses partenaires
Cyrus de la Rubia estime qu’une entrée prochaine de l’Allemagne en territoire de croissance est probable, notamment grâce aux prévisions économiques favorables du nouveau gouvernement. Une telle évolution aurait des retombées positives pour ses principaux partenaires commerciaux, en particulier la France et l’Italie, qui dépendent largement des exportations vers l’Allemagne.
Confiance en hausse, baisse des coûts et stabilité des prix
Un autre indicateur de confiance provient des perspectives futures. Les industriels affichent un optimisme croissant, avec un indice de confiance atteignant son plus haut niveau depuis février 2022. Ce regain est particulièrement marqué en Allemagne.
Par ailleurs, les coûts d’achat ont baissé pour le troisième mois consécutif, permettant une nouvelle baisse modérée des prix à la sortie des usines, ce qui pourrait renforcer la compétitivité des produits européens à l’international.
