Le festival international d’ Hammamet ne cesse de s’affirmer d’une session à l’autre, d’un spectacle à son suivant comme preuve

et illustration des préoccupations d’une culture moderne, culture fonctionnant pour elle-même, par elle-même, aux allures et à l’ambition et à l’animation qui fait face au futur. « llah Yunsor Sidna a inauguré hier le festival en présence du ministre de la culture et de la sauvegarde du patrimoine Latifa Lakhdhar et d’un public nombreux. La pièce qui alterne humour et tragédie a connu, si l’on juge les applaudissements nourris, un grand succès.Lors d’un point de presse, son auteur Ezzeddine Madani nous a précisé que cette première d’llah Yunsor Sidna » part d’un évènement politique majeur qu’avait connu la Tunisie au milieu du XIXe siècle. la promulgation du pacte fondamental (‘ahd al amane) qui statuait que les Tunisiens sont des citoyens et non des sujets, jouissant de droits et ayant des devoirs. La pièce commence au cours de la période d’accession au trône de la Régence de Tunis de Mohammed es-Sadik Bey et la reprise de la mise application du pacte, puis l’abrogation par ce même bey de toutes les lois constitutionnelles et l’instauration du pouvoir absolu qui déclencha la révolte de Ali ben Ghedhehem.

ouverture festival hammamet théatre allah yonsor sidna
ouverture festival hammamet théatre allah yonsor sidna

A l’époque, les ministres du Bey cherchaient à garantir leurs prébendes. Les consuls des puissances étrangères pensaient surtout à obtenir de nouveaux avantages à leurs ressortissants. Des abus ont suivi la mise en place des institutions qui découlent de la charte. La méfiance de la population envers ces « innovations « inspirées de l’étranger fut donc grande. Et quand d’importantes augmentations d’impôts déclenchèrent le soulèvement de 1864, la constitution de 1861et les tribunaux nouvellement créés furent sacrifiés sans hésitation » Ce pacte fondamental est-il révolutionnaire ? « Ce pacte fondamental était révolutionnaire. Il défendait la liberté de culte, l’égalité des sujets devant la loi et les libertés publiques. La liberté et la dignité étaient au menu du programme des réformateurs et des premiers leaders du mouvement de libération nationale. Par ce Pacte, le Bey M’hamed engageait la Tunisie sur une voie nouvelle, celle d’une monarchie constitutionnelle, née de fait lors de l’entrée en vigueur de la Constitution de 1861…

Cette pièce a montré que les Tunisiens sont des citoyens et non des sujets, jouissant de droits et ayant des devoirs, c’est la Tunisie d’aujourd’hui que l’on voit dans leurs yeux pétillant de vie et d’espoir.» Le metteur en scène Abdelghani Ben Tara pense que le théâtre appartient aux acteurs.  » Il faut être là, il faut écouter, cadrer, mais à partir d’un moment c’est de leur responsabilité vous pouvez tout faire sauf jouer à leur place. Nous voulions montrer que nature humaine ne change guère et que c’est pour ça que les textes d’hier résonnent dans le monde d’aujourd’hui, Donner aux jeunes l’envie de découvrir le théâtre en général, et surtout leur faire entendre le texte, en le mettant à la porter de tous, tout en restant très vigilant sur la qualité du jeu. J’adore quand le public sort du spectacle en ayant envie de retourner au théâtre ou en se disant que tel ou tel personnage ressemble à quelqu’un qu’il connait. Des yeux qui brillent, des cœurs qui palpitent, des âmes généreuses prêtes à tout donner à leur public en attendant un retour, un écho, une participation. Il ne reste qu’un pas pour parler d’interactivité, de dialogue entre la scène et les gradins. J’ai essayé à adapter parfaitement le texte de Madani au jeu des acteurs ».

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Photos Berrazagua et Fliss