Renault Group a annoncé vendredi une restructuration en profondeur de sa division de nouvelles mobilités, Mobilize Beyond Automotive. Cette réorganisation se traduit par l’arrêt des activités d’autopartage, un ralentissement marqué du déploiement des stations de recharge rapide et un recentrage stratégique sur les activités liées à l’énergie et aux données, désormais intégrées directement au sein du constructeur automobile français.
Dans un communiqué, le groupe au losange précise que « les autres activités (…) aux perspectives de rentabilité limitées ou qui ne servent pas directement les priorités stratégiques du groupe, sont arrêtées ». Cette inflexion marque un tournant clair dans la stratégie de diversification engagée ces dernières années.
Disparition de Mobilize comme entité autonome
Ces décisions seront intégrées au nouveau plan stratégique que le directeur général François Provost présentera en mars. Elles actent la disparition de Mobilize en tant que business unit indépendante. Selon une porte-parole citée par Reuters, cette restructuration entraînera la suppression d’environ 80 postes sur les quelque 450 que compte actuellement l’entité.
Renault privilégiera toutefois les départs volontaires et les mobilités internes. Le chiffre annoncé n’inclut pas l’impact de l’arrêt progressif des services d’autopartage « Zity by Mobilize », actuellement déployés à Milan et à Madrid.
Fin d’un rôle d’incubateur lancé en 2021
Mobilize avait été créée en 2021 à l’initiative de Luca de Meo pour explorer, de manière autonome, des activités au-delà du cœur de métier de Renault, à savoir le design, la fabrication et la vente de véhicules. Cette structure fonctionnait comme un incubateur de nouvelles solutions de mobilité.
« Mobilize était une sorte d’incubateur : on a pu développer beaucoup de choses et tester de nombreux produits », explique Jérôme Faton, directeur Énergie chez Mobilize. « Aujourd’hui, nous devons limiter le nombre de nouveaux produits que nous lançons. »
Un contexte industriel et financier contraint
Selon Jérôme Faton, ce recentrage s’inscrit dans un contexte d’ajustement de l’allocation du capital. « L’industrie automobile traverse une période difficile et nous avons énormément d’investissements à financer », souligne-t-il. À son arrivée, François Provost a conduit une revue stratégique et estimé qu’un investissement massif dans les stations de recharge rapide n’était plus prioritaire à court terme.
Conséquence directe : le quadricycle électrique Duo, modèle emblématique de Mobilize, est abandonné. Sa déclinaison utilitaire Bento ne sera finalement pas commercialisée.
Recharge rapide : des ambitions nettement revues à la baisse
Renault a également décidé de ralentir son expansion dans les infrastructures de recharge rapide, en France comme à l’international, pour se concentrer sur l’optimisation de son parc existant, comme l’ont révélé Les Échos.
L’objectif est désormais d’atteindre 100 stations de recharge rapide en France d’ici la fin de 2026, contre un peu plus de 60 aujourd’hui, et plus de 100 stations en Italie. Cette trajectoire est très inférieure aux ambitions initiales, qui prévoyaient jusqu’à 650 stations en Europe à l’horizon 2028. Les projets d’infrastructures en Belgique et en Espagne sont par ailleurs abandonnés.
Recentrage sur l’énergie, la data et les services clés
Dans le cadre de cette réorganisation, Renault va réintégrer au sein de son propre réseau commercial plusieurs solutions jusqu’ici portées par Mobilize, notamment Charge Pass et les offres V2G (vehicle-to-grid). Les activités liées à la gestion et à l’exploitation des données d’utilisation des véhicules rejoignent également le périmètre direct du groupe.
« Mobilize Beyond Automotive n’est plus une entité », précise le communiqué. L’usage commercial de la marque Mobilize sera maintenu pour Mobilize Financial Services, la filiale financière de Renault, tandis que son avenir pour les autres offres sera évalué dans les prochains mois.
