Excédent budgétaire record mais trésorerie sous tension
L’analyse de l’exécution budgétaire tunisienne révèle une situation paradoxale pour le premier trimestre 2025. Selon l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), les finances publiques tunisiennes affichent un excédent budgétaire substantiel de 2078,5 millions de dinars à fin mars 2025, marquant une performance comptable remarquable par rapport aux exercices précédents.
Cette performance budgétaire, bien qu’encourageante sur le plan comptable, masque néanmoins des défis structurels significatifs. L’IACE souligne dans son rapport d’analyse que cet excédent constitue avant tout « un résultat comptable qui ne prend pas en considération la disponibilité de la liquidité auprès du trésor pour couvrir les dépenses échues ». Cette nuance importante révèle un décalage entre les performances budgétaires affichées et la réalité opérationnelle des finances publiques tunisiennes.
Signaux d’alerte sur la liquidité du Trésor public
L’analyse approfondie de l’IACE, couvrant la période d’exécution budgétaire entre 2021 et 2024 ainsi que les tendances récentes observées jusqu’à fin mars 2025, met en évidence plusieurs indicateurs préoccupants. La baisse notable des dépenses d’investissement public constitue le premier signal d’alarme, traduisant les contraintes de liquidité auxquelles fait face le Trésor tunisien.
Parallèlement, la réduction des dépenses de gestion gouvernementale confirme ces difficultés de trésorerie. Ces deux éléments combinés suggèrent que l’État tunisien privilégie la préservation de ses équilibres comptables au détriment de ses investissements stratégiques et de son fonctionnement optimal.
Recours accru aux instruments de refinancement
Pour pallier ces tensions de liquidité, les autorités monétaires tunisiennes ont intensifié leur recours aux mécanismes de refinancement. L’IACE observe une augmentation significative des opérations d’open-market, instrument privilégié de la politique monétaire pour réguler la liquidité bancaire à court terme.
Cette tendance s’accompagne d’un développement des opérations de refinancement à plus long terme, confirmant les besoins structurels de financement du système. Ces instruments, bien que nécessaires pour maintenir la stabilité financière, révèlent les tensions persistantes sur la liquidité publique malgré l’excédent budgétaire affiché.
Perspectives et enjeux pour les finances publiques tunisiennes
L’analyse de l’IACE soulève des questions cruciales sur la soutenabilité à moyen terme des finances publiques tunisiennes. Si l’excédent budgétaire de 2078,5 millions de dinars témoigne d’une certaine discipline budgétaire, les indicateurs de liquidité suggèrent des défis persistants nécessitant une attention particulière des décideurs politiques.
La période d’observation jusqu’à fin mars 2025 offre un aperçu limité mais révélateur des dynamiques financières tunisiennes. L’évolution de ces tendances au cours des prochains trimestres sera déterminante pour évaluer la capacité de l’État à maintenir ses équilibres tout en préservant ses investissements stratégiques.
