Le dernier Trade and Development Report 2025 de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) met en lumière une menace insidieuse : l’incertitude politique, désormais plus déstabilisante que les barrières tarifaires elles-mêmes. Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier et son « libération day » du 2 avril, marqué par une vague de hausses douanières, les échanges mondiaux évoluent dans un climat de crainte permanente.
L’incertitude, un risque stratégique
Si les droits de douane imposés par Washington ont déjà perturbé le commerce, c’est surtout la crainte de nouvelles mesures qui paralyse les acteurs. Selon la Cnuced, l’incertitude peut être instrumentalisée comme un outil stratégique par les gouvernements, afin de tester les réactions ou de gagner en influence dans les négociations internationales. Mais ce jeu a un prix : il accroît les risques pour les entreprises et les investisseurs, tout en fragilisant la coordination mondiale.
Le casse-tête du calendrier
Le caractère le plus déstabilisant des politiques commerciales récentes réside dans leur imprévisibilité. Si l’orientation générale est parfois anticipable, l’ampleur et surtout le calendrier des nouvelles mesures restent opaques. Cette situation complique l’adaptation des entreprises, particulièrement des PME et des pays en développement, qui n’ont pas la capacité de réagir à des environnements aussi mouvants.
Une rupture historique dans le commerce mondial
Pendant plusieurs décennies, le système multilatéral, en particulier l’OMC, avait permis de réduire l’incertitude à des niveaux historiquement bas. Mais cette période semble révolue. Le World Uncertainty Index Global, établi par le FMI et Stanford, a atteint en août 2025 le niveau record de 105,558, dépassant largement les pics de mai 2019 (57,518) et de mars 2020 (56,223.6, début de la pandémie de COVID-19).
La Chine, un cas de résilience
Paradoxalement, la Chine, première cible de l’administration Trump, a su faire preuve d’une résilience surprenante. Au deuxième trimestre 2025, ses exportations mondiales ont progressé par rapport au premier trimestre, malgré une baisse vers les États-Unis. Grâce à la diversification de ses marchés et à la consolidation de relations commerciales alternatives, Pékin a réussi à stabiliser ses flux d’exportation et à limiter l’impact sur son économie.
La Cnuced plaide pour plus de transparence
Face à cette incertitude persistante, la Cnuced appelle à un renforcement de la transparence et de la coopération internationale. L’organisation recommande des notifications anticipées, une meilleure coordination multilatérale et des engagements renforcés entre nations. Un plaidoyer ambitieux, mais difficile à concrétiser dans un contexte géopolitique marqué par le repli stratégique et les rivalités économiques.
