Secteur automobile mondial : Lorsqu’une puce dérègle le marché

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Partout dans le monde, l’industrie auto souffre d’une pénurie de semi-conducteurs, particulièrement l’automobile. Le manque à gagner de chiffre d’affaires dans l’ensemble de l’industrie automobile pourrait atteindre environ 50 milliards d’euros cette année.

Jusqu’à maintenant épargnés, plusieurs sites de constructeurs français et étrangers ont connu leurs premiers jours d’arrêt, depuis la semaine dernière. Cette difficulté, qui s’ajoute à celles posées par la crise sanitaire, ne devrait pas se résorber d’ici «4 à 6 mois».

Alors qu’en février 2020, la crise sévissait déjà en Asie et menaçait l’Europe, les constructeurs automobiles ont très largement baissé leurs commandes auprès de leurs équipementiers de premier rang… qui ont eux-mêmes répercuté cette baisse sur leurs propres fournisseurs, parmi lesquels les fabricants de puces.

Peu connus du grand public, sept acteurs fournissent 90% de l’industrie auto. Et le néerlandais NXP, le japonais Renesas ou, dans une moindre mesure, le franco-italien ST Microelectronics, délèguent une partie de la fabrication des puces auprès des «fondeurs».

A l’amont de la filière, un nom règne en maître : celui du taïwanais Tsmc, qui fournit la matière première de 70% de la production mondiale des microcontrôleurs, un modèle de puce utilisé notamment dans les systèmes antiblocage de freinage ou le contrôle moteur. Certains modèles peuvent en compter jusqu’à une quarantaine.

Pénurie sur toute la chaîne
Quand l’industrie automobile s’est remise à passer commande à partir de l’été en raison d’une reprise plus forte que prévu, les méfaits du goulot d’étranglement, formé par le tout petit nombre d’acteurs en amont, se sont fait sentir. Les fabricants de puces avaient d’autres clients à fournir, notamment ceux dont l’activité avait explosé à l’heure du confinement mondialisé : équipement pour le télétravail, centres de traitement des données… «L’automobile s’est réveillée un peu trop tard», selon certains analystes. «Le problème est que l’industrie du semi-conducteur est à temps long. Il faut 4 à 6 mois pour fabriquer des puces. En revanche, l’industrie automobile est à temps court. Elle dépend des commandes au jour le jour», estiment-ils. Or, cette dernière est de
plus en plus gourmande en puces: la généralisation des systèmes d’aide à la conduite, de télématique, faisait augmenter leur valeur d’environ 6 à 7% par an en moyenne dans la décennie 2010.

En 2020, la demande a été encore plus forte, en raison du soutien apporté à la vente de véhicules électriques et hybrides, qui consomment encore davantage de puces (gestion des batteries, électronique de puissance…) Une «pénurie» a été évoquée dès le mois de novembre 2020, l’allemand «Volkswagen» a mis à l’arrêt certaines usines dès le mois de décembre. Aujourd’hui, l’ensemble du secteur est affecté. «General Motors» s’est résolu à stopper la production de trois de ses sites répartis sur le continent nordaméricain. Du côté français, certains sites de production n’ont pas tourné et des usines ont même été arrêtées.

Chez les fournisseurs de premier rang, comme «Valeo» et «Bosch», on explique vouloir travailler en «étroite collaboration» avec les fournisseurs et suivre «de très près» la situation. Le gouvernement français a organisé des rencontres entre groupes automobiles et fabricants de puces, afin de leur permettre de mieux se comprendre.

L’avis de gros temps est très loin d’être levé. Toujours selon certains experts, «on peut estimer qu’on atteindra le creux de la vague pas avant plusieurs semaines». Selon le cabinet d’études Alix Partners, le manque à gagner de chiffre d’affaires dans l’ensemble de l’industrie automobile pourrait atteindre environ 50 milliards d’euros cette année.

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