Le déficit commercial tunisien s’est établi à 14,64 milliards de dinars (MD) à fin août 2025, contre 11,92 milliards de dinars un an auparavant, soit une aggravation de 22,8%. Le taux de couverture s’est replié à 73,9%, contre 77,7% en 2024, selon les données de l’Institut National de la Statistique (INS).
Les moteurs du déséquilibre
Le déséquilibre de la balance commerciale reste fortement tributaire du déficit énergétique (-7 148 MD), suivi des matières premières et demi-produits (-4 532,2 MD), des biens d’équipement (-2 339,7 MD) et des biens de consommation (-1 303,3 MD).
Le secteur alimentaire constitue une exception positive, avec un excédent de +683,2 MD. Hors énergie, le déficit commercial se réduit à 7 492 MD, confirmant la dépendance structurelle de la Tunisie aux importations énergétiques.
Exportations : baisse globale, contrastes sectoriels
Les exportations ont atteint 41 372,4 MD, en léger recul de 0,3% par rapport à 2024 (41 512,1 MD).
- Progression dans les mines, phosphates et dérivés (+11,9%) et dans les industries mécaniques et électriques (+6,7%).
- Forte contraction du secteur énergétique (-39%) sous l’effet d’une chute des ventes de produits raffinés (504,2 MD contre 1 323,2 MD).
- Recul des industries agroalimentaires (-16,2%), pénalisées par la baisse des exportations d’huiles d’olive (2 702,4 MD contre 3 818,9 MD).
- Léger repli dans le textile-habillement et cuir (-1%), un secteur historiquement stratégique.
Performances géographiques divergentes
L’Union européenne demeure le premier partenaire de la Tunisie, représentant 70,5% des exportations (29 165,9 MD).
- Progression avec l’Allemagne (+11,9%), la France (+8,9%) et la Grèce (+59,7%).
- Recul marqué avec l’Italie (-9,2%) et l’Espagne (-25,3%).
Avec les pays arabes, la dynamique est positive : Libye (+7,6%), Maroc (+44,3%), Algérie (+18%) et Égypte (+41,1%). Ces performances traduisent une diversification progressive des débouchés commerciaux, malgré la persistance d’une forte concentration sur l’UE.
Importations : croissance de 4,8%
Les importations ont atteint 56 012,3 MD, en hausse de 4,8% par rapport à 2024 (53 436,8 MD).
- Forte croissance des biens d’équipement (+17,4%), des matières premières et demi-produits (+7,5%) et des biens de consommation (+10,6%).
- En revanche, recul des produits énergétiques (-13,8%) et des produits alimentaires (-3,9%).
Avec l’UE (43,6% des importations), les échanges s’élèvent à 24 410,7 MD, en hausse par rapport à 2024. Les importations progressent avec la France (+13%) et l’Allemagne (+9,4%), mais reculent avec l’Italie (-2,2%), la Grèce (-29,4%) et la Belgique (-7,5%). Hors UE, la Chine (+31,5%) et la Turquie (+13,6%) renforcent leur présence, tandis que la Russie (-24,9%) et l’Inde (-2,8%) marquent un repli.
Une dépendance structurelle persistante
Cette évolution met en lumière la vulnérabilité structurelle de l’économie tunisienne, encore largement dépendante des importations énergétiques et des matières premières. La baisse des exportations dans des secteurs stratégiques comme l’agroalimentaire et l’énergie pèse sur la compétitivité extérieure.
À moyen terme, la Tunisie devra renforcer sa stratégie de diversification des marchés et accélérer les réformes visant à améliorer la productivité et la valeur ajoutée de ses exportations.
