L’été est incontestablement la période de tous les dépassements de toutes les dépenses. Toutes les bourses sont mises à rude épreuve et tous les achats sont permis rien que pour satisfaire l’appel de l’estomac. Une tournée dans un marché de poissons nous a permis de découvrir cette ambiance exceptionnelle du côté des commerçants.. On est tout d’abord surpris par les charmes discrets de la bousculade. Mais qu’est ce qui fait courir tout ce beau monde de consommateurs vers ces marchands de poisson ? Rien qu’à voir la patience des acheteurs, leur endurance et les innombrables chamailleries à propos de tout et de rien, on est tenté de dire pourquoi toutes ces femmes et tous ces hommes viennent nombreux à ce marché ? Tout simplement parce que les poissons sont abondants mais à quel prix ! Le poisson bleu accessible aux tunisiens aux bourses modestes, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le prix de sardine riche en oméga 3, qui coûtait il y a quelque temps de cela entre 1000 et 1d500, a connu une augmentation vertigineuse atteignant les 4 dinars le kg. Cette hausse des prix, qui met à rude épreuve le portefeuille des tunisiens en les privant de consommer le dernier poisson qui demeurait accessible, a été justifié par plusieurs vendeurs et pêcheurs par la détérioration des conditions météorologiques ces derniers jours »lorsque la mer agitée, on ne peut plus pécher. La production se fait rare » nous dit M Samoud, un vieux pécheur « À 2d500 le kg le prix de la sardine demeurait raisonnable, mais payer le kilo à 4000, c’est juste hallucinant », estime une ménagère. Pas plus loin, les vendeurs du chien de mer (sfen) sortent leurs griffes. Le kg est vendu à 23 dinars ! C’est inabordable et trop cher », nous dit Jalila qui ne cache pas sa surprise devant la flambée des prix . « Du jamais vu, les prix grimpent. Ma bourse ne me permet pas d’acheter ces variétés. C’est devenu inaccessible » dit-elle « C’est excessif je n’ai pas de sous. J’opte pour un poulet. », avoue-t-elle. Certains consommateurs paraissent hésitants : « c’est impensable » se lamente un cadre de banque « mais oui, c’est la loi du marché, quand l’offre est inférieure à la demande.. » Il y en a dans la foule qui vient à titre de spectateurs « Moi je vais attendre encore car les prix vont baisser vers la fin de la journée » dit un citoyen d’un certain âge. Les vendeurs imputent cette hausse aux grossistes qui vendent cher leurs produits. « On ne fait qu’aligner nos prix sur ceux des grossistes avec une petite marge, puisqu’il nous faut bien gagner notre vie »nous explique un vieux marin. Les prix des poissons, notamment le poisson blanc, ont pris aussi une courbe ascendante avec une moyenne de 16dinars pour la daurade ou le loup , alors que les fruits de mer et autres crustacés restent inabordables. « C’est bel et bien la faiblesse des prises à répétition qui a rendu le poisson aussi cher » explique un ancien pêcheur et de poursuivre : «Les sorties en mer des marins pêcheurs se soldent souvent par de très faible prises. Les quelques cageots débarqués une fois leur embarcation à quai sont vite achetés à prix forts.» Et de signaler : «Ils faut aller chercher le poisson ailleurs que dans les zones traditionnelles de pêche. Les niches connues sont désertées par les espèces qui les fréquentaient.»
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