Un indicateur stratégique au cœur de la stabilité macroéconomique
La balance des paiements constitue l’un des piliers centraux du cadre macroéconomique tunisien pour 2026. Dans un contexte international marqué par la volatilité des prix, le resserrement des conditions financières et les incertitudes géopolitiques, la préservation des équilibres extérieurs apparaît comme une condition essentielle de la stabilité économique et monétaire.
L’État tunisien place ainsi la maîtrise du déficit courant et la consolidation des réserves en devises au cœur de son plan d’action, avec pour objectif de renforcer la résilience de l’économie face aux chocs exogènes.
Balance des paiements : un baromètre de la relation avec l’extérieur
La balance des paiements retrace l’ensemble des flux économiques et financiers entre la Tunisie et le reste du monde sur une période donnée. Elle agrège les transactions courantes — échanges de biens et services, revenus et transferts — ainsi que les opérations financières liées aux investissements et aux mouvements de capitaux.
Cet agrégat offre une lecture synthétique de la capacité du pays à financer ses besoins extérieurs et à maintenir la confiance des partenaires et des bailleurs internationaux.
Exportations : une accélération mesurée mais significative
Selon les projections économiques pour 2026, les exportations tunisiennes de biens et services devraient enregistrer une croissance de 4,6 % aux prix courants, après 3,8 % en 2025. Cette progression, bien que modérée, traduit une amélioration qualitative de la demande extérieure et une meilleure valorisation de certains secteurs stratégiques.
Phosphates : un retour en force
Le secteur des phosphates et de leurs dérivés s’impose comme le principal contributeur à cette dynamique, avec une hausse attendue de 19 %. La reprise de la production nationale, combinée à une demande mondiale soutenue en engrais chimiques, redonne à ce secteur un rôle central dans la génération de devises.
Agroalimentaire : un levier de diversification des recettes
L’agriculture et l’agroalimentaire confirment leur place dans le modèle de croissance, avec une progression anticipée de 5,7 %. L’huile d’olive, les dattes et les agrumes continuent de porter l’offre tunisienne à l’export, appuyés par une stratégie de diversification géographique vers les marchés asiatiques et africains.
Cette orientation vise à réduire la dépendance aux marchés traditionnels et à renforcer la valeur ajoutée des exportations agricoles.
Importations : l’effet investissement et la contrainte énergétique
En miroir, les importations de biens et services devraient augmenter de 4,5 % en 2026, reflet d’un effort soutenu en matière d’investissement. Les importations de biens d’équipement progresseraient de 4,3 %, traduisant une modernisation graduelle de l’appareil productif.
Les importations énergétiques, en hausse de 1,9 %, demeurent toutefois un facteur de vulnérabilité structurelle, appelant à des politiques énergétiques prudentes et à une accélération de la transition vers des sources alternatives.
Services et transferts : amortisseurs des déséquilibres
Les services et les transferts courants continuent de jouer un rôle d’amortisseur dans la balance des paiements. Les recettes touristiques devraient croître de 5,2 %, confirmant la normalisation progressive du secteur.
Les transferts des Tunisiens résidant à l’étranger, attendus en hausse de plus de 6,4 %, restent une source stable et structurelle de devises, contribuant directement au maintien des réserves et à la limitation des pressions sur le compte courant.
Déficit courant et financement : l’équation 2026
Malgré ces signaux favorables, le déficit courant devrait atteindre 3,6 % du PIB en 2026. Ce niveau, bien qu’encore maîtrisé, impose une gestion rigoureuse des besoins de financement extérieur, d’autant plus que les échéances de remboursement de la dette extérieure devraient s’alourdir.
Dans ce contexte, la capacité du gouvernement à mobiliser des financements à des conditions concessionnelles et à renforcer la crédibilité macroéconomique du pays sera déterminante pour préserver la stabilité financière.
