Des ambitions freinées par la réalité du terrain
En marge de la Journée mondiale des Petites et Moyennes Entreprises, la Banque européenne d’investissement (BEI) a publié les résultats de l’enquête BEI/UE : Les défis des PME en Tunisie en 2025. Réalisée auprès de 150 dirigeants de PME tunisiennes, cette étude révèle une dynamique entrepreneuriale engagée mais confrontée à des contraintes importantes sur les marchés internationaux.
Malgré leur poids économique majeur – près de 97 % du tissu productif national – les PME tunisiennes se heurtent à une série de défis : saturation des marchés, intensité concurrentielle, manque de financements, et obstacles logistiques.
Une compétitivité mise à l’épreuve
Dans un environnement mondial de plus en plus compétitif, 25 % des chefs d’entreprise interrogés désignent la concurrence accrue comme leur principal obstacle, devant le manque de capital (17 %). Plus globalement, 60 % des PME estiment que la saturation des marchés et la pression concurrentielle freinent leur développement à l’international.
Face à ce constat, le Trade & Competitiveness Programme (TCP), mis en œuvre par la BEI et cofinancé par l’Union européenne, s’engage à renforcer la compétitivité des PME. Il propose des formations techniques ciblées, notamment sur les règles d’origine, la décarbonation ou les normes européennes, pour permettre aux entreprises tunisiennes de mieux se positionner sur les marchés export.

Le financement, un levier encore trop limité
Parmi les freins majeurs à l’internationalisation, 48 % des dirigeants pointent un accès insuffisant au financement. Bien que 88 % des PME exportent déjà, seule la moitié le fait de manière régulière. En outre, plus d’une PME sur dix reste totalement absente des circuits d’exportation, faute de ressources pour investir dans l’innovation, la mise aux normes ou la prospection commerciale.
Pour pallier ce déficit, le TCP met en place des mécanismes de financement adaptés : lignes de crédit allégées en garanties, partenariats avec les banques tunisiennes, et soutien aux projets structurants. Ces outils visent à dynamiser les capacités d’investissement des PME et leur permettre d’aborder l’international avec une base financière solide.
Des obstacles logistiques et commerciaux persistants
Même pour les PME engagées dans l’export, les contraintes logistiques et réglementaires restent lourdes : 62 % dénoncent les coûts de douane, de conformité ou de logistique, tandis que 44 % déclarent rencontrer des difficultés à identifier des partenaires commerciaux à l’étranger.
Ces freins, en particulier dans les secteurs clés de l’agro-industrie, du textile et de l’automobile, compromettent l’intégration des PME tunisiennes dans les chaînes de valeur internationales, pourtant cruciales pour une croissance durable à l’export.
Méthodologie : une enquête ciblée et représentative
Cette enquête a été menée en mai 2025 par l’institut Potloc pour le compte de la BEI. Elle s’appuie sur les réponses de 150 dirigeant(e)s de PME tunisiennes, sélectionnées de manière à refléter la diversité du tissu productif national. Les entreprises interrogées évoluent principalement dans les chaînes de valeur exportatrices visées par le Trade & Competitiveness Programme : agroalimentaire, automobile, textile.
