Après deux semaines de négociations intensives à Genève, les pourparlers pour un traité contraignant contre la pollution plastique ont abouti à un échec. Ce résultat, qualifié de « sabotage » par la Coalition interparlementaire pour mettre fin à la pollution plastique (ICEPP), a empêché l’adoption d’un texte qui aurait obligé les gouvernements à agir de manière décisive pour protéger l’environnement et la santé humaine. Malgré la présence de délégués de près de 170 pays, l’absence de consensus a mis en lumière les blocages causés par un groupe d’États producteurs de pétrole. Pour les parlementaires de l’ICEPP, dont la Tunisie fait partie, cet échec est d’autant plus décevant que l’accord semblait à portée de main.
L’impasse a renforcé la conviction que le processus multilatéral de consensus a ses limites face à une crise d’une telle ampleur. La coalition a souligné, dans un communiqué, la nécessité de « se réinventer » et d’adopter de nouvelles stratégies. C’est dans cet esprit que plus de 50 parlementaires, issus de plus de 30 pays, ont annoncé qu’ils allaient se mobiliser ensemble, en dehors du cadre des négociations intergouvernementales, pour poursuivre le combat.
La Tunisie, fer de lance de la mobilisation parlementaire
La Tunisie, particulièrement touchée par la pollution plastique, notamment en milieu marin, est un acteur clé de cette nouvelle offensive. Riadh Jaidane, membre tunisien de l’ICEPP, a confirmé que la position de son pays est claire : il est en faveur d’un traité contraignant, malgré les implications que cela suppose en termes de changements législatifs et économiques. « C’est dommage pour notre planète, mais nous ne lâcherons pas. Le combat continue », a-t-il déclaré à l’agence TAP.
En tant que parlementaire, Riadh Jaidane insiste sur l’importance d’une action coordonnée, non seulement au niveau intergouvernemental, mais aussi interparlementaire. Les membres de la coalition prévoient de proposer des initiatives, voire des projets de loi, au niveau national. L’objectif est de s’attaquer au danger croissant de la pollution plastique, en particulier aux microparticules, qui représentent une menace pour la santé humaine et pour les jeunes générations. Riadh Jaidane a également souligné l’urgence d’intensifier le plaidoyer auprès de leurs gouvernements pour qu’ils défendent un traité ambitieux et contraignant, capable de s’attaquer aux causes profondes de la crise.
Un cri d’alarme fondé sur des données concrètes
La menace de la pollution plastique n’est pas une simple théorie, elle est une réalité tangible, comme le montrent les données récentes recueillies en Tunisie. Dans le cadre du programme « Adoptez une plage » mené par le WWF-Afrique du Nord, les bénévoles ont documenté l’ampleur de la contamination. Sur les plages tunisiennes, les déchets plastiques dominent largement, avec plus de 30 000 petits morceaux de plastique, 23 000 bouchons et 17 000 pailles collectés. On a également recensé 12 000 morceaux de polystyrène et plus de 78 000 mégots de cigarettes, dont on sait qu’un seul peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau.
Les taux de pollution les plus élevés ont été observés sur les plages de Kheireddine (3 766 morceaux par 100 mètres) et de Mahdia (1 775 morceaux par 100 mètres). Ces chiffres alarmants soulignent l’urgence d’un changement de comportement et d’une intensification des efforts de sensibilisation.
Malgré cet échec, la coalition ICEPP reste mobilisée. Ses membres considèrent que l’absence de traité ne réduit en rien leur capacité d’action. En tant que représentants élus, ils se sentent investis d’une mission : utiliser tous les leviers législatifs à leur disposition pour faire entendre la voix de leurs citoyens et agir sans relâche pour la protection de l’environnement. La prochaine réunion du Comité intergouvernemental de négociations, qui pourrait avoir lieu à Genève, reste un horizon d’espoir pour une future tentative de consensus.
