La France disposée à contribuer à combler le gap budgétaire de la Tunisie sous réserve de la concrétisation des réformes (André parant)

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La France est disposée à contribuer à couvrir le besoin de financement résiduel de la Tunisie, au titre de 2023 et 2024. Actuellement, une enveloppe de 250 millions d’euros destinée à aider le pays à combler son gap budgétaire, est en attente de décaissement, a souligné l’ambassadeur de France en Tunisie, André Parant.

Dans une interview accordée à l’agence TAP, le diplomate français a déclaré que son pays est également prédisposé à mobiliser les bailleurs de fonds internationaux afin de combler le besoin de financement résiduel.

Cependant, cette aide reste tributaire de la mise en oeuvre « effective » du plan de réformes présenté au Fonds Monétaire International, a-t-il soutenu.

Selon lui, la situation économique et budgétaire de la Tunisie risque d’être « extrêmement compliquée » en l’absence d’un accord avec le FMI.

Comment se porte l’activité des entreprises françaises implantées en Tunisie à l’aune de cette conjoncture économique difficile ?

André Parant : En 2022, les investissements des sociétés françaises installées en Tunisie ont atteint 187 millions d’euros en 2022, ce qui fait de la France le premier pourvoyeur d’investissements étrangers directs dans le pays. Plus de mille entreprises françaises sont aujourd’hui, implantées en Tunisie. Elles emploient entre 140 mille et 150 mille personnes.

En dépit de certaines difficultés liées au climat des affaires, la plupart de ces entreprises ont connu une croissance durant la période écoulée. Elles projettent même d’accroître leurs activités au cours des prochaines années.
Durant la crise de Covid-19, certaines entreprises ont parfois été amenées à réduire leurs effectifs. Néanmoins, elles ont réussi à rétablir les postes d’emploi supprimés et à retrouver leur niveau de production d’avant la pandémie.

Quels sont selon vous les principaux obstacles entravant le développement des entreprises françaises en Tunisie ?

André Parant : Les entreprises françaises restent confrontées à certaines problématiques liées notamment à la réglementation actuelle des changes et à l’approvisionnement en matières premières suite à la guerre en Ukraine.

A cela s’ajoutent les difficultés logistiques du port de Radès qui constitue aujourd’hui un goulot d’étranglement. Cela représente un frein non seulement au développement des entreprises françaises mais de l’économie tunisienne.

Par ailleurs, ces entreprises sont actuellement engagées dans une démarche RSE qui implique la réduction de leur empreinte carbone. Une grande partie d’entre elles sont en train de mettre en place une production électrique reposant sur l’énergie photovoltaïque. Or, la Tunisie n’est pas encore à la pointe de la technologie en matière d’énergies renouvelables (ER). Elle ne produit actuellement que 3% d’électricité à partir d’ER.

Le cadre réglementaire régissant la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables n’est pas encore optimal pour permettre à ces entreprises de passer rapidement vers une électricité verte.

De surcroît, les grands donneurs d’ordre internationaux imposent aujourd’hui, une contrainte carbone à l’ensemble de leurs fournisseurs. Face à cette situation, les entreprises françaises n’ont plus d’autre choix que de recourir à l’électricité verte pour être conforme aux exigences internationales.

Hormis ces obstacles, le manque de visibilité reste aussi, contraignant pour ces entreprises.
La conclusion d’un accord de financement avec le Fonds Monétaire Internationale (FMI) pourrait donner à la Tunisie plus d’assurance et de visibilité quant à sa trajectoire économique et financière.

Que préconisez-vous pour accélérer la conclusion de cet accord de financement avec le FMI ?

André Parant : A l’image de la majorité de nos partenaires nationaux et internationaux, nous estimons que la situation économique et budgétaire de la Tunisie risque d’être extrêmement compliquée, en l’absence d’un accord avec le FMI. Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de plan b.

Cet accord est important car il permettra de mobiliser les ressources financières nécessaires afin d’accompagner et de financer le plan de réformes présenté par les autorités tunisiennes. C’est toujours difficile d’engager des réformes mais à un moment donné, il n’est plus possible d’accepter que la situation se dégrade davantage.

Ces réformes doivent être menées dans l’intérêt de l’économie tunisienne et non dans l’intérêt du FMI ou des partenaires internationaux. Il est impératif de souligner que le fonds n’est pas là pour imposer quoi que ce soit. Il est là pour soutenir un programme de réformes qui a été élaboré, soutenu et présenté par le gouvernement tunisien.

Aujourd’hui, ces réformes sont connues de tous. Elles concernent le redressement des entreprises publiques, la maîtrise de la masse salariale et la réforme du système des subventions.

Pour ce qui est des entreprises publiques, le Fonds attend des autorités tunisiennes qu’elles promulguent la loi relative à la gouvernance des entreprises publiques. En effet, ce texte a été adopté en conseil ministériel mais n’a toujours pas été promulgué.

Le FMI souhaite aussi, que la Tunisie procède à une levée progessive des subventions sur les carburants afin d’arriver à la vérité des prix. Dans les lois de finances de 2022 et de 2023, le gouvernement s’est engagé à réviser à la hausse les prix des carburants de 3% par mois. Or, il n’y a pas eu d’augmentations depuis novembre dernier.

Récemment, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, a dit craindre un effondrement de la Tunisie, en l’absence d’un accord avec le FMI. Partagez-vous cette préoccupation ?

André Parant : Je ne sais pas si l’on pourrait parler de risque d’effondrement. Cependant, il y a une forte préoccupation à l’égard de la trajectoire économique et financière de la Tunisie. Personne ne souhaite voir la situation de la Tunisie se dégrader davantage.

Comme je l’ai déjà mentionné précédemment, la situation actuelle de la Tunisie ne peut se redresser que si les réformes nécessaires sont mises en œuvre. La communauté de bailleurs de fonds est disposée à aider la Tunisie. Néanmoins, elle veut être sûre que le programme de réformes sera effectivement concrétisé.

Pour cela, un engagement politique au niveau le plus élevé possible reste nécessaire pour soutenir la mise en œuvre de ces réformes.

Il convient de rappeler que la Tunisie a conclu deux accords de financement avec le FMI (2014 et 2017) qui n’ont pas pu être menés à leur terme car certains engagements n’ont pas été remplis.

En tant que 1er partenaire économique de la Tunisie, comment la France compte-t-elle aider la Tunisie à sortir de cette impasse ?

André Parant : Cela va faire des mois que nous disons aux autorités tunisiennes que nous sommes à leur disposition pour couvrir le besoin de financement résiduel au titre de 2023 et 2024. Le budget de l’Etat tunisien de 2023 fait apparaître un gap financier estimé entre 1,5 et 1,8 milliard de dollars qu’il faut combler.

Le FMI compte mobiliser 1,9 milliard de dollars sur quatre ans, ce qui veut dire que la première tranche devant être décaissée s’élèverait à environ à 500 millions de dollars. Nous sommes donc loin du montant nécessaire pour combler le gap financier.

Nous disposons, aujourd’hui, d’une enveloppe de 250 millions d’euros qui est en attente de décaissement. Cette enveloppe se répartit comme suit : 50 millions d’euros qui seront décaissés dès la promulgation de la loi relative aux entreprises publiques et 200 millions d’euros dont le versement reste tributaire de la conclusion d’un accord avec le FMI.

Outre cette enveloppe de 250 millions d’euros, la France est disposée à apporter un appui additionnel. Nous sommes également, prêts à mobiliser la communauté des bailleurs de fonds internationaux pour couvrir ce besoin résiduel.

Cela suppose qu’au préalable, les autorités tunisiennes honorent leurs engagements vis-à-vis du Fonds dont la promulgation de la loi relative à la gouvernance des entreprises publiques et la levée progessive des subventions sur les carburants.

En outre et comme je l’ai déjà mentionné, il faut une forte volonté politique pour mettre en œuvre ces réformes. Si elles sont effectivement mises en œuvre, la communauté internationale sera prête à aider la Tunisie .

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