La situation du commerce extérieur tunisien continue de se tendre. Selon les dernières données publiées ce mardi par l’Institut National de la Statistique (INS), le déficit commercial du pays s’est creusé de manière significative pour atteindre 11 904,5 millions de dinars (11,9 milliards TND) à la fin des sept premiers mois de 2025. Ce chiffre représente une aggravation notable par rapport aux 9 631,8 millions de dinars enregistrés à la même période en 2024.
Conséquence directe de ce déséquilibre croissant, le taux de couverture des importations par les exportations s’est érodé, passant de 79,4 % en juillet 2024 à seulement 75,6 % cette année, un indicateur clé de la pression accrue sur les finances extérieures du pays.
Le Poids du Déficit Énergétique, Principal Moteur du Déséquilibre
L’analyse détaillée des chiffres de l’INS révèle que la principale source de ce déficit provient du secteur de l’énergie. À lui seul, le déficit de la balance énergétique a atteint 6 037,2 millions de dinars, représentant plus de la moitié du déficit commercial total. Ce chiffre colossal met en lumière la forte dépendance de la Tunisie aux importations d’hydrocarbures.
En excluant le secteur énergétique, le déficit commercial s’établit à 5 867,4 millions de dinars. Bien que toujours important, ce chiffre marque une légère amélioration par rapport au déficit hors énergie de la même période en 2024, qui était de 6 591,7 millions de dinars.
D’autres secteurs contribuent également au déséquilibre global :
- Matières premières et demi-produits : déficit de 3 800,4 millions de dinars.
- Biens d’équipement : déficit de 1 959,6 millions de dinars.
- Biens de consommation : déficit de 930,7 millions de dinars.
Seul le secteur de l’alimentation affiche une performance positive, avec un excédent de 823,4 millions de dinars, agissant comme un léger contrepoids dans une balance largement déficitaire.
Exportations : Une Stabilité Apparente qui Cache des Disparités Sectorielles
Sur le front des exportations, les chiffres montrent une quasi-stagnation avec un léger recul de 0,2 %, pour une valeur totale de 36 973,4 millions de dinars. Cependant, cette stabilité masque des dynamiques très contrastées selon les secteurs.
La baisse la plus spectaculaire concerne le secteur de l’énergie, dont les exportations ont chuté de 34,8 %. Cette contre-performance est directement liée à l’effondrement des ventes de produits raffinés. De même, le secteur stratégique des industries agroalimentaires a vu ses exportations reculer de 17,5 %, principalement à cause de la baisse des revenus de l’huile d’olive, passés de 3 636,2 millions à 2 506,1 millions de dinars.
À l’inverse, certains secteurs industriels tirent leur épingle du jeu :
- Mines, phosphates et dérivés : +8,6 %
- Industries mécaniques et électriques : +6,5 %
Ces hausses témoignent de la résilience de certains pôles exportateurs, mais s’avèrent insuffisantes pour compenser les pertes enregistrées ailleurs.
Importations : Une Hausse Tirée par l’Équipement et la Consommation
Du côté des importations, la tendance est clairement à la hausse avec une progression de 4,7 %, atteignant un volume global de 48 877,9 millions de dinars. Cette augmentation est principalement alimentée par une forte demande en :
- Biens d’équipement : +18,6 %
- Biens de consommation : +12,1 %
- Matières premières et demi-produits : +6,6 %
En revanche, une baisse notable des importations de produits énergétiques (-14,9 %) et alimentaires (-5,1 %) est observée, sans pour autant inverser la tendance haussière globale.
Partenaires Commerciaux : l’UE Reste Dominante, la Chine et les Pays Arabes Gagnent du Terrain
L’Union Européenne (UE) demeure le partenaire commercial numéro un de la Tunisie, absorbant 70,6 % de ses exportations. Les ventes vers l’UE sont en légère hausse, portées par de bonnes performances avec l’Allemagne (+15,4 %) et la France (+7,5 %). Toutefois, les exportations vers des partenaires clés comme l’Italie (-9,4 %) et l’Espagne (-30,4 %) ont fortement reculé.
Les exportations vers les pays arabes affichent une dynamique très positive, notamment avec la Libye (+12,5 %), le Maroc (+38,5 %) et l’Algérie (+20,8 %).
Concernant les importations, les achats en provenance de l’UE (44,2 % du total) ont augmenté. Mais la hausse la plus spectaculaire vient de la Chine, avec une envolée des importations de +37,2 %, et de la Turquie (+14,9 %). Cette tendance confirme le poids croissant des partenaires asiatiques dans l’approvisionnement de l’économie tunisienne.
