L’OPEP et l’AIE alertent : un excédent pétrolier mondial fait plonger les prix
Les marchés pétroliers ont subi une baisse brutale cette semaine après que deux des institutions les plus influentes du secteur – l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) – ont simultanément averti d’un excédent d’offre nettement plus important que prévu.
L’OPEP a même inversé ses prévisions pour le troisième trimestre 2025, passant d’un déficit attendu à un excédent, tandis que l’AIE anticipe un déséquilibre encore plus marqué l’année suivante.
Un renversement majeur : de déficit à excédent de 500 000 barils/jour
Dans son rapport mensuel de novembre, l’OPEP révèle que la production mondiale a dépassé la demande d’environ 500 000 barils par jour au troisième trimestre 2025. Un mois plus tôt, elle attendait encore une pénurie de 400 000 barils par jour : l’ajustement est donc spectaculaire.
Cette révision a immédiatement pesé sur les marchés :
- Le WTI a chuté de 4,2 %, tombant à 58,49 dollars le 12 novembre.
- Le Brent a reculé de 3,8 %, s’établissant à 62,71 dollars.
Il s’agit de la plus forte baisse journalière depuis juin.
L’AIE prévoit un surplus encore plus massif en 2026
Selon le rapport de l’AIE publié jeudi, le marché pourrait faire face en 2026 à un excédent allant jusqu’à 4,09 millions de barils par jour.
L’agence souligne : « Les équilibres pétroliers se désalignent rapidement : la production mondiale augmente alors que la croissance de la demande reste modeste selon les standards historiques. »
Les prévisions détaillent :
- +3,1 millions de barils/jour en 2025 pour la production mondiale.
- +2,5 millions en 2026.
Les pays hors OPEP+ assureraient 1,7 million de ces barils en 2025 et 1,2 million en 2026.
Les États-Unis jouent un rôle central : l’EIA rehausse sa prévision de production nationale à 13,6 millions de barils/jour pour 2025 et 2026, grâce à une activité plus forte qu’attendu depuis août.
OPEP+ : croissance américaine et tensions internes alimentent l’excédent
L’OPEP attribue en grande partie la flambée de l’offre à la production américaine, qui a dépassé ses projections. Elle relève son estimation pour les liquides américains à 22,81 millions de barils/jour, contre 22,27 millions précédemment.
En octobre, l’OPEP+ a pompé 43,02 millions de barils/jour, un niveau supérieur aux besoins évalués par le groupe.
Face à ce déséquilibre croissant, la coalition a annoncé la suspension des augmentations de production prévues au premier trimestre 2026.
L’Arabie saoudite a également ajusté ses prix, réduisant de 1,20 dollar par baril ses tarifs de brut pour l’Asie en décembre.
Légère reprise des prix, mais pression baissière persistante
Jeudi, les cours ont timidement rebondi :
- Le Brent est repassé au-dessus des 63 dollars.
- Le WTI s’est rapproché des 59 dollars.
Cette remontée est attribuée aux tensions géopolitiques : une attaque ukrainienne contre un port pétrolier russe et de nouvelles sanctions américaines visant des producteurs russes.
Cependant, les analystes convergent : la dynamique de suroffre restera dominante, maintenant une pression durable sur les prix au moins jusqu’en 2026.
