Riyad et Moscou : un compromis nécessaire mais fragile
La décision finale résulte de longues discussions entre Riyad et Moscou, les deux piliers de l’alliance. La Russie plaidait pour une hausse limitée à 137 000 barils/jour, craignant qu’une production plus élevée n’entraîne une pression à la baisse sur les prix dans un contexte marqué par les sanctions occidentales et des capacités d’extraction restreintes.
L’Arabie saoudite, de son côté, souhaitait un ajustement plus ambitieux — entre 274 000 et 548 000 barils/jour — misant sur ses réserves de production et sa volonté de regagner des parts de marché face à la concurrence du pétrole de schiste américain. Finalement, la solution retenue traduit une approche de compromis, maintenant la cohésion de l’alliance tout en évitant de perturber un marché déjà fragile.
Un marché sous pression, miné par la crainte d’un excès d’offre
Le marché pétrolier mondial reste en tension. Le prix du Brent est tombé sous les 65 dollars le baril vendredi, enregistrant une baisse hebdomadaire de 8 %. Cette tendance traduit la préoccupation croissante des investisseurs face à une possible surabondance de l’offre, alimentée par la hausse de la production américaine et le ralentissement de la demande mondiale.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande de pétrole ne devrait croître que de 700 000 barils/jour entre 2025 et 2026, tandis que l’OPEP reste plus optimiste, tablant sur une hausse de 1,3 million de barils/jour en 2025 et 1,4 million en 2026. Cette divergence de prévisions reflète l’incertitude persistante autour de l’évolution du marché énergétique mondial.
Une stratégie de reprise graduelle des parts de marché
Depuis le début de l’année, l’OPEP+ a relevé sa production de plus de 2,6 millions de barils/jour, soit environ 2,5 % de la demande mondiale. Ce réajustement progressif marque la fin d’une période de réductions drastiques, qui avaient atteint 5,85 millions de barils/jour en mars.
Le groupe prévoit de se réunir à nouveau le 2 novembre afin d’évaluer la dynamique du marché et de déterminer la stratégie à adopter pour les mois à venir. Entre prudence et ambition, l’OPEP+ devra arbitrer entre préserver les prix et soutenir la croissance économique de ses membres producteurs.
Analyse : entre géopolitique et économie
Derrière cette décision technique se cache un enjeu géopolitique majeur. L’Arabie saoudite, en quête de leadership énergétique, cherche à consolider sa position face à une Russie fragilisée par les sanctions. Dans le même temps, la stabilité du marché mondial reste tributaire de la coordination entre les membres de l’OPEP+, dont les intérêts nationaux divergent de plus en plus.
Pour les économies importatrices, cette prudence de l’OPEP+ constitue un signal positif, limitant le risque d’une flambée des prix qui aurait pu peser sur la reprise mondiale. Mais pour les producteurs, le défi demeure : trouver le juste équilibre entre rentabilité et stabilité.
