Une attaque qui bouleverse le marché pétrolier
Dans la nuit du 12 au 13 juin, une opération militaire israélienne ciblant des sites nucléaires et militaires en Iran a provoqué une onde de choc sur les marchés mondiaux. Cette offensive, que Tel-Aviv qualifie de préventive pour empêcher le développement d’une arme nucléaire iranienne, a considérablement intensifié les tensions géopolitiques dans la région. En réponse, Téhéran a promis de riposter, faisant craindre une escalade majeure du conflit au Moyen-Orient.
Hausse record des prix du brut
Les marchés pétroliers ont immédiatement réagi. Le vendredi 13 juin, les prix du pétrole brut ont bondi à des niveaux inédits depuis près de cinq mois. Le baril de Brent de la mer du Nord a grimpé de 5,84 %, atteignant 73,41 dollars, tandis que le WTI (West Texas Intermediate) américain a progressé de 6,07 % pour atteindre 72,17 dollars. Plus tôt dans la séance, le Brent avait même gagné 14 %, flirtant avec les 79 dollars le baril. Ces mouvements sont les plus marqués en intrajournalier depuis 2022, lors du début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le détroit d’Ormuz au cœur des inquiétudes
La perspective d’une perturbation de l’approvisionnement pétrolier alimente la nervosité des marchés. Le détroit d’Ormuz, par où transite près d’un cinquième du pétrole mondial, pourrait devenir une zone à risque si les hostilités s’étendent. L’Iran, qui figure parmi les dix premiers exportateurs de pétrole au monde, joue un rôle central dans cette dynamique.
Des analystes, comme ceux de la banque ING, estiment que cette situation accroît fortement l’incertitude géopolitique. Ils anticipent que le marché du pétrole intégrera une prime de risque plus élevée pour toute perturbation potentielle. Priyanka Sachdeva, analyste chez Phillip Nova, souligne que « l’annonce d’un état d’urgence par l’Iran accroît les risques de contagion dans d’autres pays producteurs ».
Le marché reste suspendu aux ripostes
À Singapour, plusieurs négociants en pétrole jugent encore prématuré de tirer des conclusions sur les impacts concrets sur les expéditions. Selon Ole Hvalbye, analyste chez SEB, l’escalade n’a pas encore perturbé les flux pétroliers, mais le risque demeure élevé. Saul Kavonic, expert chez MST Marquee, indique que l’Iran pourrait perturber l’approvisionnement mondial à hauteur de 20 millions de barils par jour, en attaquant des infrastructures ou en limitant l’accès au détroit d’Ormuz.
Les compagnies pétrolières en profitent en Bourse
Alors que les principaux indices boursiers européens étaient en repli, le secteur pétrolier a tiré son épingle du jeu. L’indice Stoxx 600 Oil & Gas a progressé de 1,25 %, seule hausse sectorielle notable. À Paris, TotalEnergies a bondi de 1,8 %, tandis que Shell a gagné 1,6 % à Londres. Cette dynamique témoigne de l’intérêt accru pour les valeurs énergétiques dans un contexte de flambée des prix du brut.
