Une contraction plus marquée qu’attendu, malgré des prévisions prudentes
La production industrielle de la zone euro a reculé de 1,2 % en août 2025 par rapport à juillet, inversant le gain de 0,5 % enregistré le mois précédent. Cette baisse, bien que significative, s’est révélée moins prononcée que prévu par les économistes, qui anticipaient un repli de 1,6 %.
Ce retournement illustre la difficulté des industriels européens à composer avec une demande mondiale en berne et des perturbations commerciales persistantes, sur fond de ralentissement global du commerce international.
Les biens d’équipement et la consommation durable en première ligne
Le secteur des biens d’équipement a été le principal moteur du déclin, chutant de 2,2 % après une hausse de 1,7 % en juillet. Les biens de consommation durables ont suivi avec une baisse de 1,6 %, tandis que la production énergétique s’est contractée de 0,6 % et les biens intermédiaires de 0,2 %.
Seule note légèrement positive : les biens de consommation non durables ont progressé de 0,1 %, un signe de résilience limité face à la faiblesse globale du secteur manufacturier.
L’Allemagne, talon d’Achille industriel de l’Europe
Parmi les grandes économies de la zone euro, l’Allemagne a subi le recul le plus marqué, avec une chute de 5,2 % en août, contre un gain de 1,5 % en juillet. Cette contraction brutale confirme les difficultés structurelles de l’industrie allemande, déjà confrontée à des coûts énergétiques élevés et à une demande externe affaiblie.
L’Italie a également connu un repli de 2,4 %, tandis que la France et l’Espagne ont enregistré des baisses plus modérées de 0,7 % et 0,1 % respectivement.
En revanche, les Pays-Bas ont résisté à la tendance, affichant une croissance de 2,3 % après un recul de 1,3 % le mois précédent.
Une reprise manufacturière fragile et inégale
Les données de la production industrielle confirment que la reprise amorcée en été reste fragile. Selon les analystes, « malgré un regain d’optimisme dans l’industrie en août, la réalité économique s’est révélée bien moins encourageante ».
En septembre, cette tendance s’est poursuivie : le PMI manufacturier de la zone euro est retombé à 49,8, contre 50,7 en août, repassant ainsi sous le seuil de croissance de 50 points. Ce recul met fin à la première phase de reprise observée depuis mi-2022.
Nouvelles commandes en berne et pressions sur la BCE
La baisse du PMI s’explique notamment par un effondrement des nouvelles commandes, au rythme le plus rapide depuis six mois, particulièrement sur les marchés d’exportation. Si l’Allemagne, la France et l’Italie affichent toutes une contraction de leur production, les Pays-Bas mènent la résistance, atteignant leur plus haut niveau d’expansion en 38 mois. Des signaux positifs persistent également en Grèce, en Irlande et en Espagne.
Cette situation complique la tâche de la Banque centrale européenne (BCE), déjà confrontée à un ralentissement de la croissance et à une désinflation progressive. À l’approche de sa réunion du 30 octobre, les marchés anticipent la possibilité d’une nouvelle baisse du taux de dépôt, actuellement fixé à 2 %, afin de soutenir l’activité industrielle et le crédit.
Analyse macroéconomique : une Europe en quête d’équilibre industriel
Cette contraction met en évidence la vulnérabilité structurelle de l’industrie européenne, tiraillée entre la hausse des coûts de production, les tensions commerciales mondiales et la transition énergétique. Les signaux faibles de reprise observés durant l’été laissent place à un risque de stagnation prolongée, voire de récession industrielle, si les politiques de relance ne sont pas renforcées.
