Les décideurs de la Banque centrale européenne devraient maintenir leur taux de dépôt clé à 2 % lors de la réunion du 30 octobre, marquant la poursuite d’une politique de stabilité monétaire. Selon le dernier sondage Reuters réalisé entre le 15 et le 22 octobre, 88 économistes s’accordent quasi unanimement sur ce scénario.
Une majorité croissante d’experts (72 %) estime désormais que la BCE conservera ce niveau de taux jusqu’à la fin de l’année 2025, voire au-delà, alors que 57 % anticipent une stabilité prolongée jusqu’à fin 2026. Certaines projections, plus prudentes, vont même jusqu’à 2027, traduisant une confiance accrue dans le cadre actuel.
L’inflation revient durablement dans la cible de 2 %
La BCE fonde sa sérénité sur une évolution maîtrisée des prix. En septembre, l’inflation dans la zone euro a atteint 2,2 %, contre 2,0 % en août, franchissant légèrement l’objectif sans provoquer d’inquiétude.
L’inflation sous-jacente, excluant l’énergie et l’alimentation, s’est établie à 2,4 %, légèrement au-dessus des estimations initiales, mais encore dans une zone jugée confortable.
Dans le détail, l’inflation des services reste la principale source de pression, à 3,2 %, tandis que les coûts de l’énergie ont ralenti leur baisse, reculant de seulement 0,4 % après un repli de 2,0 % en août.
Christine Lagarde, présidente de la BCE, a déclaré à CBS News que l’économie et l’inflation européennes sont « dans une bonne position », avec des perspectives à moyen terme « sur la bonne voie ». Les prévisions officielles de la BCE tablent sur une inflation moyenne de 2,1 % en 2025, 1,7 % en 2026 et 1,9 % en 2027, confirmant un retour progressif à la cible de stabilité des prix.
Une croissance modérée mais résiliente dans un contexte incertain
Malgré les vents contraires — tensions géopolitiques, ajustement énergétique et ralentissement industriel —, la zone euro fait preuve d’une résilience économique surprenante.
Les services de la BCE anticipent une croissance du PIB de 1,2 % en 2025, 1,0 % en 2026 et 1,3 % en 2027. Ces prévisions s’appuient sur plusieurs leviers : hausse des salaires réels, emploi soutenu et investissements publics croissants, notamment dans les infrastructures et la défense en Allemagne.
Cette combinaison d’indicateurs positifs conforte la BCE dans sa stratégie prudente, évitant à la fois un resserrement prématuré et un relâchement qui pourrait raviver les tensions inflationnistes.
Une stratégie prudente, fondée sur les données
Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque centrale de Belgique et membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, a indiqué sur CNBC que « la probabilité d’une nouvelle baisse des taux a diminué ». Selon lui, « avec une inflation globalement dans la cible, les risques sont équilibrés ».
Entre juin 2024 et juin 2025, la BCE avait déjà réduit son taux de dépôt de 200 points de base, après avoir atteint un pic historique de 4 %.
Depuis, la banque centrale a adopté une approche dépendante des données, décidant « réunion par réunion », dans une logique d’ajustement continu fondée sur l’évolution des prix, de la croissance et du marché du travail.
Cette posture d’« attente active » traduit une volonté de préserver la crédibilité institutionnelle de la BCE tout en maintenant la stabilité financière de la zone euro face à un environnement monétaire mondial en mutation.
Vers une politique monétaire durable et équilibrée
En maintenant son taux directeur à 2 % sur le moyen terme, la BCE cherche à consolider la désinflation sans brider la reprise. Cette orientation prudente, soutenue par la majorité des économistes européens, marque le retour d’un cycle monétaire stable après deux années de resserrement rapide.
Si la trajectoire actuelle de l’inflation se confirme, la BCE pourrait disposer d’un espace de manœuvre plus clair à partir de 2027, ouvrant la voie à une éventuelle normalisation graduelle.
