Les dernières Perspectives des marchés des produits de base du Groupe de la Banque mondiale, publiées mardi, annoncent une nouvelle correction des prix des matières premières à l’horizon 2026. Les prix devraient reculer de 7 % en 2025 et 2026, marquant la quatrième année consécutive de baisse. Cette tendance s’explique par une croissance économique mondiale atone, un surplus pétrolier historique et une incertitude géopolitique persistante.
Le secteur de l’énergie, principal moteur du repli mondial
Les prix de l’énergie constituent la principale source de ce déclin. Le pétrole brut Brent devrait s’établir en moyenne à 68 dollars le baril en 2025, avant de glisser à 60 dollars en 2026, soit un plus bas de cinq ans. Cette chute traduit une suroffre structurelle, alimentée par un excédent pétrolier qui atteindra 4 millions de barils par jour en 2026, représentant près de 4 % de la demande mondiale.
Selon la Banque mondiale, l’excédent pétrolier mondial de 2026 sera 65 % supérieur à son pic de 2020, en raison notamment de la hausse rapide des véhicules électriques et hybrides et d’une consommation stagnante en Chine. Globalement, les prix de l’énergie devraient reculer de 12 % en 2025, puis de 10 % supplémentaires en 2026. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipe, de son côté, une hausse de l’offre mondiale de 3 millions de barils par jour en 2025, renforçant encore la pression sur les prix.
Les denrées alimentaires et les engrais : des trajectoires contrastées
Les prix alimentaires devraient également poursuivre leur repli, avec une baisse de 6,1 % en 2025 et de 0,3 % en 2026, sous l’effet d’une production record de soja et d’un approvisionnement mondial amélioré.
Cependant, les prix des engrais devraient grimper de 21 % en 2025, avant de s’assouplir légèrement en 2026, en raison de la hausse des coûts des intrants et des restrictions commerciales. Cette dynamique met sous pression les marges des agriculteurs, déjà fragilisés par la volatilité des marchés agricoles.
Les métaux précieux défient la tendance mondiale
À contre-courant, les métaux précieux affichent une forte résilience.
L’or devrait bondir de 42 % en 2025, puis encore de 5 % en 2026, soutenu par une demande refuge accrue dans un contexte d’incertitude géopolitique et par les achats massifs des banques centrales.
L’argent suivra la même trajectoire, progressant de 34 % en 2025 et de 8 % en 2026, atteignant ainsi des niveaux historiques.
Une correction sans retour aux niveaux prépandémiques
Malgré cette tendance baissière, les prix des matières premières resteront supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie, se situant 23 % plus haut qu’en 2019 en 2025 et 14 % plus haut en 2026. Toutefois, ils marquent une baisse de 36 % par rapport au pic de 2022, après une hausse spectaculaire de 125 % entre 2020 et 2022.
Une opportunité à saisir pour réformer les économies
« Les marchés des matières premières contribuent à stabiliser l’économie mondiale », rappelle Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale. Selon lui, la baisse des prix de l’énergie a atténué l’inflation mondiale, offrant aux gouvernements une fenêtre d’opportunité pour assainir leurs finances publiques, stimuler l’investissement et accélérer le commerce international. Mais ce répit pourrait être temporaire, prévient-il, soulignant la nécessité d’une stratégie économique proactive face aux mutations structurelles du marché mondial.
