Les levées de fonds pour les startups africaines ont enregistré une nouvelle baisse en 2024, reculant de 25 % par rapport à l’année précédente. Malgré ce contexte difficile, le Kenya tire son épingle du jeu et domine le continent. Par ailleurs, deux nouvelles licornes ont émergé : Tyme et Moniepoint.
Une année morose pour le financement des startups africaines
Les chiffres sont sans appel : 2024 aura été une année difficile pour les levées de fonds des startups sur le continent africain. D’après les données d’Africa The Big Deal, plateforme spécialisée fondée par Max Cuvellier Giacomelli et Maxime Bayen, les startups africaines ont mobilisé un total de 2,2 milliards de dollars en fonds propres, dettes et subventions (hors sorties). Ce chiffre représente une baisse significative de 25 % par rapport à 2023. Bien que ce montant reste supérieur aux performances de 2019 (1,4 milliard de dollars) et 2020 (1,1 milliard de dollars), il marque la deuxième année consécutive de déclin depuis le record historique de 2022, où les levées avaient atteint 4,6 milliards de dollars.
Une tendance divergente à l’échelle mondiale
La baisse du financement des startups africaines intervient dans un contexte global contrasté. Selon un rapport provisoire de la National Venture Capital Association et de Pitchbook, les levées de fonds en capital-risque (venture capital) à l’échelle mondiale ont augmenté de 5,4 % en 2024, atteignant 368,5 milliards de dollars. Cette divergence souligne la particularité de la dynamique africaine, mais les méthodologies différentes des études nécessitent une analyse prudente.
Une chute concentrée sur le premier semestre
Le recul des financements en 2024 s’explique principalement par la faiblesse du premier semestre, durant lequel seulement 800 millions de dollars ont été levés. En revanche, le second semestre a montré des signes encourageants avec 1,4 milliard de dollars mobilisés, grâce notamment à deux grosses opérations : celles de Moniepoint (fintech nigériane) et de Tyme Group (banque numérique présente en Afrique du Sud et de l’Est). Ces deux entreprises sont devenues des licornes, atteignant une valorisation supérieure à 1 milliard de dollars.
Les fintechs en tête des financements sectoriels
En 2024, le secteur des fintechs a confirmé son rôle moteur dans les levées de fonds africaines, captant 47 % des montants mobilisés, contre 42 % en 2023. Parmi les dix plus gros investissements de l’année, quatre concernaient des acteurs de la fintech : Tyme (250 millions de dollars), Moniepoint, MNT-Halan (Égypte) et M-Kopa (Kenya).
Le secteur de l’énergie arrive en deuxième position avec 440 millions de dollars levés, soit 20 % du total annuel. Les entreprises d.light (192 millions de dollars) et Sun King (87 millions de dollars) se distinguent dans le domaine des énergies renouvelables. En troisième place, la logistique et les transports ont attiré 288 millions de dollars, en légère hausse par rapport à 2023 (271 millions de dollars). Ces trois secteurs représentent à eux seuls 80 % des levées de fonds, le reste étant réparti entre des domaines comme l’agriculture, la deeptech et le tourisme.
Le Kenya en tête des pays attractifs
Avec 638 millions de dollars levés en 2024, soit 29 % des financements totaux, le Kenya s’impose comme le leader continental. Il est suivi par le Nigeria (410 millions de dollars), l’Égypte (400 millions de dollars) et l’Afrique du Sud (394 millions de dollars). Ensemble, ces quatre pays représentent 84 % des financements, confirmant leur position dominante sur le continent.
En Afrique de l’Ouest, en dehors du Nigeria, quatre pays se distinguent dans le Top 10 : le Ghana (68 millions de dollars, 6e), le Bénin (50 millions de dollars, 8e), la Côte d’Ivoire (33 millions de dollars, 9e) et le Sénégal (22 millions de dollars, 10e). Le Maroc occupe la cinquième place avec 70 millions de dollars levés.
Perspectives pour 2025
Malgré une année 2024 en demi-teinte, le rebond observé au second semestre offre des perspectives optimistes pour 2025. Les analyses détaillées des performances des startups africaines se poursuivront avec les contributions de rapports de référence comme celui de Partech, permettant d’affiner les tendances et d’identifier de nouvelles opportunités sur le continent.