BAD – Algérie : croissance de 2,5 du PIB en 2018

La croissance du PIB réel atteint 2,5 % en 2018 contre 1,4 % en 2017, principalement en raison de la croissance du secteur hors hydrocarbures (5,2 %) et de l’importance des dépenses budgétaires (36,7 % du PIB). Le secteur des hydrocarbures reste atonique (en recul de 0,1 %). Les estimations et projections de croissance pour 2018-2020, basées sur l’hypothèse prudente d’un secteur des hydrocarbures faible et d’un secteur non hydrocarbures en légère amélioration, sont de 2,7 % en 2019 et de 1,9 % en 2020. La diminution projetée en 2020 est due en partie à une politique budgétaire plus restrictive – à partir de 2019, les dépenses publiques diminueront – afin de réduire le déficit budgétaire, qui de 5,3 % du PIB en 2018 devrait passer à 5,0 % en 2019 et à 4,7 % en 2020. La Banque d’Algérie, confrontée à la contraction des dépôts bancaires depuis 2015, a repris son refinancement et stimule le marché monétaire interbancaire en réduisant les réserves obligatoires et en réglementant mieux les marchés des capitaux. L’inflation reste sous contrôle avec 4,8 % en 2015, 6,4 % en 2016 et 5,6 % en 2017.

Perspectives : facteurs positifs et négatifs
L’infrastructure, la position géographique, la diaspora, le marché intérieur et la dotation en ressources naturelles de l’Algérie fournissent les atouts nécessaires pour transformer et diversifier son économie. En outre, la politique de réduction de la dette extérieure, mise en place au cours de la dernière décennie, et les importantes réserves de change, malgré leur diminution, permettent à l’Algérie de mieux résister aux chocs économiques. Le déficit n’a pas été financé par l’augmentation de la dette extérieure qui reste négligeable, à moins de 2 % du PIB. La dette publique, constituée principalement par la dette intérieure, est limitée à 40 % du PIB. Du fait d’une baisse importante des ressources financières extérieures, les autorités ont adopté en 2016 le nouveau Modèle de croissance économique 2016-2030 qui vise une transformation structurelle. Les principales réformes concernent l’amélioration du climat des affaires et le remplacement des subventions directes et indirectes par une protection sociale ciblée pour les populations à faible revenu. En 2015, pour contrer la forte détérioration de la position extérieure du pays, des restrictions à l’importation ont été introduites pour 850 produits. L’important déficit de la balance courante, 9 % du PIB en 2018, est néanmoins inférieur à celui de 2017 (13,1 %) et devrait atteindre 7,4 % en 2020. Les réserves de change officielles sont passées de 22,5 mois d’importations à la fin de 2016 à 18,6 mois en juin 2018, et la baisse devrait se poursuivre. Selon les projections, l’inflation devrait encore baisser d’ici 2020 pour atteindre 4 %.

En dépit des efforts déployés pour diversifier l’économie, l’Algérie dépend toujours des ressources extérieures provenant des exportations de pétrole et de gaz. L’économie repose sur les hydrocarbures à environ 80 % de manière directe ou indirecte. Les perspectives économiques dépendront principalement des prix des hydrocarbures : à la baisse en juin 2014, ils rebondissent à près de 80 dollars le baril en octobre 2018 puis chutent de nouveau vers la fin de l’année. Entre 2012 et 2017, la chute des prix du pétrole réduit la contribution du secteur des hydrocarbures au PIB de 37,1 % à 21,1 %. La croissance du PIB réel, estimée à 2,7 % en 2019 et à 1,9 % en 2020, semble insuffisante à moyen terme pour améliorer la protection sociale, diversifier l’économie et réduire le chômage. Les termes de l’échange se sont améliorés en 2017 et 2018. Le taux de change réel a connu une dépréciation de 8.8 % en 2018.