RUSSIE : L’inflation pourrait légèrement accélérer mais restera à un niveau modéré à court terme


Malgré un environnement externe porteur et une remontée des cours du pétrole, la croissance russe devrait rester inférieure à 2% en 2018-2019. Les performances décevantes de l’investissement resteront d’actualité, en témoigne la lente détérioration des marges des entreprises et l’atonie des prêts aux entreprises. La consommation des ménages connaîtra toutefois un redressement, soutenue par l’accélération de la croissance des salaires réels (+6% en GA en janvier 2018) dans un contexte de taux de chômage historiquement bas (5,1% en décembre 2017) et de déclin démographique. Les exportations, qui ont affiché une forte progression en 2017, devraient encore bénéficier du dynamisme de l’Union Européenne (qui capte 40% des exports russes) et de l’Asie (30% des exportations russes, dont 11% pour la Chine).

Du côté de l’offre, la faiblesse de la production industrielle reflète à la fois la baisse de l’extraction de pétrole dans le sillage de l’accord avec l’OPEP et des performances décevantes du secteur manufacturier et de la construction. La campagne de substitution des importations par la production nationale ne semble donc pas porter ses fruits globalement, même si certains secteurs spécifiques tirent leur épingle du jeu (automobile, pharmacie, chimie, plastique).

Les finances publiques se sont significativement consolidées en 2017 grâce aux bonnes performances des recettes (recettes pétrolières, TVA, etc.). La politique budgétaire devrait rester restrictive en 2018- 2019, l’objectif étant un déficit budgétaire inférieur à 1% du PIB en 2019. Dans un contexte de baisse de l’inflation à des niveaux jamais observés depuis l’ère soviétique, la Banque centrale de Russie a de nouveau baissé son taux directeur en décembre 2017 puis février 2018 à 7,5%. Elle devrait encore abaisser son taux de politique monétaire mais conservera des niveaux de taux réels élevés pour ancrer les anticipations d’inflation. L’économie reste exposée à des épisodes de volatilité financière en cas de mouvements sur les prix du pétrole, de retournement sur les marchés émergents ou bien de sanctions supplémentaires.