France : fin de l’accélération de la croissance économique 

Fin de l’accélération de la croissance française en 2018 par rapport à 2017 ? Il est, en effet, depuis peu, plus probable que la croissance en 2018 soit inférieure à celle de 2017 et non plus supérieure. Ce changement de perspective résulte d’une double révision : celle, en hausse, de la croissance en 2017 et celle, en baisse, des prévisions pour 2018.

La croissance en 2017 (corrigée des jours ouvrés) est, en effet, désormais estimée à 2,3% au lieu de 2% initialement. C’est une bonne nouvelle. Mais, ce faisant, la barre à dépasser est plus haute alors même que les perspectives pour 2018 s’annoncent moins favorables qu’il y a seulement un mois, essentiellement du fait de l’accès de faiblesse de la croissance au premier trimestre. Le PIB n’a, en effet, progressé que de 0,2% et notre prévision de croissance pour 2018 s’en trouve abaissée de 2,3% à 2,1%.

Cette faiblesse du premier trimestre peut être mise sur le compte de plusieurs facteurs, la plupart ponctuels, ce qui laisse augurer un rebond au deuxième trimestre. La croissance devrait, ensuite, se maintenir sur un bon rythme. Ses bases sont, en effet, solides et elle n’a pas épuisé tout son potentiel de rattrapage après plusieurs années en sous-régime. Et elle bénéficie de conditions monétaires et financières et d’une politique économique favorables.

Mais ce scénario est assorti de nombreux risques baissiers entraînés par : les grèves en cours (pour le court terme), la hausse des prix du pétrole (qui est due à un choc d’offre, ce qui en accentue l’effet négatif sur la croissance et alimente des craintes de stagflation). S’ajoutent les incertitudes associées aux tensions géopolitiques, frictions commerciales, pressions sur certains marchés financiers émergents, nouvelle crise politique italienne et en Espagne peut-être aussi. L’appréciation passée de l’euro compte aussi parmi les freins à la croissance ; a contrario, sa baisse depuis avril est une bonne nouvelle mais de durée incertaine.

La poursuite du repli des enquêtes sur le climat des affaires en avril et mai témoigne de ces risques baissiers et compromet le rebond attendu de la croissance au deuxième trimestre. Un essoufflement plus profond est peut-être aussi à l’œuvre, sous l’effet des contraintes d’offre et des difficultés de recrutement. Mais il y a aussi matière à relativiser ce reflux du climat des affaires. Les enquêtes restent, en effet, à un niveau élevé compatible avec un fort taux de croissance. Comme elles ont eu tendance, récemment, à surestimer la croissance, leur recul les remet plus en ligne avec les chiffres réels. Le tout correspond à un rythme plus soutenable.