Près de 60 % des exportateurs anticipent des conséquences négatives
Selon la dernière étude annuelle d’Allianz Trade, près de 60 % des entreprises exportatrices issues des principales économies mondiales estiment que les droits de douane annoncés par les États-Unis le 2 avril – jour baptisé « liberation day » – auront un impact négatif sur leurs échanges internationaux.
L’enquête a été menée auprès d’entreprises situées dans neuf pays clés représentant 60 % du PIB mondial. Les résultats confirment un net renversement des perspectives d’exportation à la suite de cette décision commerciale américaine.
Un recul marqué des prévisions de croissance à l’export
Avant le 2 avril, environ 80 % des entreprises exportatrices prévoyaient une hausse de leurs ventes à l’international. Désormais, seulement 40 % gardent cette perspective optimiste. Pire encore, 42 % des répondants anticipent une baisse de chiffre d’affaires comprise entre 2 % et 10 %, alors qu’ils n’étaient que 5 % à le penser avant l’annonce des droits de douane.
En France, la chute de la confiance est particulièrement marquée : 84 % des exportateurs français envisageaient une croissance de leurs exportations avant le 2 avril, mais ce chiffre est tombé à 48 % après l’annonce américaine.
Fragmentation commerciale et incertitude généralisée
Pour Aylin Somersan Coqui, PDG d’Allianz Trade, ces résultats traduisent une tendance de fond :
« Contrairement à l’optimisme qui régnait avant la vague de droits de douane, le ‘Global Survey’ de cette année confirme ce que nous observons sur tous les marchés : l’incertitude et la fragmentation deviennent structurelles. »
Même si des accords bilatéraux ont été récemment signés avec le Royaume-Uni et la Chine, Allianz Trade estime que les pertes mondiales à l’export pourraient atteindre 305 milliards de dollars en 2025.
Diversification des chaînes d’approvisionnement : la réponse stratégique
Face à cette nouvelle donne, les entreprises exportatrices misent sur la diversification de leurs chaînes d’approvisionnement et de leur base de clientèle. Cette stratégie vise à atténuer les risques liés à la guerre commerciale et à maintenir leur compétitivité sur les marchés internationaux.
La Chine et Singapour, les plus exposées à la guerre commerciale
L’étude d’Allianz Trade montre que la Chine est le pays le plus durement touché : 82 % des entreprises chinoises anticipent une baisse de leur chiffre d’affaires à l’export. À Singapour, ce taux atteint 55 %. En revanche, l’Amérique latine tire parti de la situation, devenant une alternative stratégique pour les exportateurs chinois et européens souhaitant accéder au marché américain.
Un recul des échanges entre les États-Unis et la Chine
Même dans l’hypothèse d’un accord ramenant le taux moyen des droits de douane américains sur les importations chinoises à 39 %, les exportateurs interrogés restent pessimistes. Les flux commerciaux entre la Chine et les États-Unis devraient continuer de décliner.
L’étude révèle notamment que seulement 10 % des entreprises américaines envisagent désormais d’exporter vers la Chine – une baisse de moitié. Côté chinois, les perspectives d’exportation vers l’Amérique du Nord chutent brutalement de 15 % à 3 %.
Un climat d’incertitude durable
Les résultats de l’enquête illustrent un climat commercial mondial marqué par la méfiance, la fragmentation et des stratégies d’adaptation forcée. Les droits de douane imposés par les États-Unis n’agissent pas seulement comme des barrières économiques : ils modifient en profondeur les stratégies d’exportation, les circuits logistiques et les alliances commerciales mondiales.