Une reprise de contact après des mois de tensions croissantes
Le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping se sont entretenus par téléphone jeudi, selon l’agence de presse officielle chinoise Xinhua. Il s’agissait de leur première communication directe depuis l’investiture de Trump en janvier 2025. Cet appel intervient alors que les négociations commerciales sont dans l’impasse, et que les tensions tarifaires entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales perturbent gravement les flux commerciaux internationaux.
Xinhua rapporte que la conversation téléphonique a été initiée à la demande de Donald Trump, peu après une déclaration musclée publiée sur ses réseaux sociaux. Il y qualifiait Xi de dirigeant « très dur » et d’« extrêmement difficile avec qui conclure un accord », l’accusant même d’avoir violé l’accord commercial signé à Genève le 12 mai dernier.
Une trêve tarifaire fragile de 90 jours menacée
Cette communication survient dans un contexte particulièrement tendu : les deux pays avaient convenu en mai, lors de pourparlers à Genève, d’une trêve de 90 jours dans leur guerre commerciale. Cet accord prévoyait une réduction significative des droits de douane : les États-Unis ramenant leurs tarifs de 145 % à 30 %, tandis que la Chine abaissait les siens de 125 % à 10 %.
Malgré cette accalmie apparente, plusieurs contentieux majeurs subsistent. L’appel téléphonique met en évidence les profondes divergences entre le style direct et transactionnel de Trump et l’approche plus prudente et diplomatique de Xi Jinping, différences qui ont retardé la tenue de cette conversation pendant plusieurs semaines.
Le conflit sur les minéraux critiques : une bataille stratégique
L’un des points de friction les plus sensibles concerne l’exportation de minéraux de terres rares (ETR), cruciaux pour les technologies avancées. Le 4 avril, la Chine a imposé des restrictions à l’exportation sur sept ETR : le samarium, le gadolinium, le terbium, le dysprosium, le lutécium, le scandium et l’yttrium. Ces matériaux sont essentiels dans les secteurs de la défense, de l’automobile électrique et de l’électronique de pointe.
Ces nouvelles limitations exigent des licences spéciales, compliquant considérablement les exportations vers les États-Unis. Elles s’ajoutent aux restrictions précédentes sur le gallium, le germanium, l’antimoine et le graphite imposées en décembre 2024. Avec 60 % de la production mondiale d’ETR et 90 % de la capacité de raffinage, la Chine exerce un pouvoir stratégique considérable sur cette chaîne d’approvisionnement mondiale.
La réponse a été immédiate : diplomates et industriels du Japon, d’Europe et d’Amérique du Nord ont sollicité des réunions d’urgence pour discuter des licences d’exportation. Bien que ces restrictions ne constituent pas une interdiction formelle, elles introduisent une incertitude majeure, alimentant la volatilité des prix et exacerbant les tensions commerciales.
Une guerre tarifaire à l’intensité historique
Depuis le début du second mandat de Donald Trump, la guerre commerciale sino-américaine a connu une escalade spectaculaire. Le 4 février 2025, Trump a rétabli un tarif de 10 % sur toutes les importations chinoises. Ce tarif a été doublé un mois plus tard, le 4 mars. Puis, le 2 avril – baptisé par Trump le « Jour de la Libération » – il a proclamé l’état d’urgence nationale, imposant un tarif universel de 10 % sur toutes les importations, et un tarif additionnel de 34 % spécifiquement sur les produits chinois, portant le taux à 54 %.
La riposte de Pékin ne s’est pas fait attendre. Le 4 avril, la Chine a appliqué des droits de douane équivalents de 34 % et a suspendu l’achat de produits agricoles américains stratégiques. L’escalade s’est poursuivie : le 9 avril, Trump a encore relevé les droits de douane à 104 %, poussant la Chine à répondre avec des tarifs de 84 %. Le lendemain, les États-Unis ont porté leurs tarifs à 125 %, tout en suspendant les hausses prévues pour d’autres partenaires commerciaux pendant 90 jours.
Cette spirale protectionniste constitue l’un des épisodes les plus agressifs de l’histoire économique américaine récente, rappelant la loi Smoot-Hawley des années 1930. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a d’ailleurs averti que l’impact économique global de cette guerre tarifaire serait « nettement plus important que prévu ».
Perspectives incertaines pour l’économie mondiale
La conversation entre Trump et Xi pourrait marquer le début d’un nouveau cycle de négociations, mais les désaccords restent profonds et complexes. Entre les questions technologiques, les différends sur les matières premières stratégiques, et les tensions politiques croissantes, l’avenir des relations commerciales sino-américaines demeure incertain.
Alors que les entreprises et les marchés financiers surveillent attentivement chaque développement, cette confrontation met en lumière la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondiales et la vulnérabilité des économies interconnectées face à des décisions politiques unilatérales.