La dépendance énergétique tunisienne s’accentue, avec une forte baisse du taux d’indépendance et une augmentation de la demande.
Le secteur énergétique tunisien est confronté à des défis croissants. Selon le dernier rapport sur la conjoncture énergétique publié par l’Observatoire National de l’Énergie et des Mines, le bilan d’énergie primaire de la Tunisie a révélé un déficit alarmant de 1,73 Million de tonnes équivalent pétrole (Mtep) à fin avril 2025. Ce chiffre représente une hausse significative de 10 % par rapport à la même période en 2024, même en comptabilisant la redevance liée au transit du gaz algérien. Cette détérioration souligne une vulnérabilité grandissante du pays face à ses besoins énergétiques.
Indépendance Énergétique : Un Indicateur en Baisse Constante
L’indicateur clé de l’indépendance énergétique, qui mesure le rapport entre les ressources d’énergie primaire et la consommation primaire, a également connu une chute préoccupante. À fin avril 2025, ce taux s’est établi à seulement 40 %, une diminution notable par rapport aux 45 % enregistrés à fin avril 2024. Sans la comptabilisation de la redevance sur le transit du gaz, la situation est encore plus critique : le taux d’indépendance énergétique chuterait à 31 % à fin avril 2025, contre 33 % durant la même période en 2024. Ces chiffres témoignent d’une dépendance accrue aux importations d’énergie, impactant directement la balance commerciale et la souveraineté énergétique du pays.
Baisse des Ressources Nationales et Faible Contribution des Renouvelables
Les ressources d’énergie primaire de la Tunisie ont enregistré une baisse de 7 % à fin avril 2025 par rapport à l’année précédente, s’établissant à 1,2 Mtep. Cette diminution est principalement imputable à la contraction de la production nationale de pétrole brut et de gaz naturel. Historiquement, la production nationale de pétrole et de gaz demeure la pierre angulaire des ressources énergétiques du pays, représentant encore 72 % de la totalité des ressources primaires.
Paradoxalement, la part de l’électricité issue des énergies renouvelables – incluant la production de la STEG, les producteurs privés et l’autoproduction – reste marginale, ne constituant que 2 % des ressources primaires. Ce faible pourcentage met en lumière le retard pris par la Tunisie dans la diversification de son mix énergétique et la transition vers des sources plus durables, pourtant essentielles pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles et atténuer les effets du changement climatique. Par ailleurs, il est important de noter que la redevance sur le transit du gaz algérien a elle-même enregistré une baisse de 16 % à fin avril 2025, comparé à la même période en 2024, contribuant également à la dégradation du bilan global.
Augmentation de la Demande et Évolution de sa Structure
En parallèle de la baisse des ressources, la demande d’énergie primaire a poursuivi sa progression, augmentant de 3 % entre fin avril 2024 et fin avril 2025. Cette hausse est principalement tirée par une augmentation de 5 % de la demande en gaz naturel, tandis que celle des produits pétroliers est restée quasi stable.
La structure de la demande en énergie primaire a également connu un léger rééquilibrage. La part des produits pétroliers dans la demande totale est passée de 51 % à fin avril 2024 à 50 % à fin avril 2025. En revanche, le gaz naturel a vu sa part augmenter de 48 % à fin avril 2024 à 49 % à fin avril 2025. Cette évolution souligne une transition progressive vers le gaz naturel comme principale source d’énergie, même si les énergies fossiles continuent de dominer largement le paysage énergétique tunisien. Ces dynamiques appellent à des réformes structurelles urgentes pour garantir la sécurité énergétique du pays et soutenir un développement durable.